Bonjour,
Voici les deux propositions du mois d’octobre.
- Proposition 218 - Les paysages sont personnages
« Quatre maisons fleuries d’orchis jusque sous les tuiles émergent de blés drus et hauts. C’est entre les collines, là où la chair de la terre se plie en bourrelets gras. »
Colline, Jean Giono, Honoré champion (édition critique), 2006 [1929].
Dans cet incipit magnifique, il est question de merveilleux, un endroit féérique où la nature foisonne et prend vie, et les paysages sont personnages.
Pour cette 218ème proposition, nous allons traiter de ces deux sujets qui selon moi, sont difficilement séparables, la poésie et la personnification.
À votre tour de créer des « paysages personnages » à la manière de Giono et de faire rentrer le lecteur dans un environnement poétique.
- Proposition 219 – Pourquoi je …. ?
En 2010, Romancier et essayiste, Charles Dantzig, se demande dans son petit livre bleu "pourquoi lire ? » livre dans lequel il s'interroge sur l'intérêt de la lecture. À la suite de cela, Frédéric Beigbeder, écrivain et critique littéraire, livre dans une chronique du magazine « Lire » de façon très instinctive, ce qui le pousse à la lecture.
Voici sa réponse :
« Je lis parce que la vie ne me suffit pas (comme disait Pessoa).
Je lis pour m'empêcher de dire des bêtises aux femmes.
Je lis pour ne pas regarder Secret Story.
Je lis pour être ailleurs.
Je lis pour devenir toi.
Je lis parce que c'est la seule activité au monde qui permette d'être à la fois seul et accompagné.
Je lis pour déménager dans la tête de Montaigne.
Je lis pour que Flaubert me parle de la mélancolie des paquebots.
Je lis comme Gide écrit Paludes : pour que d'autres m'expliquent pourquoi je lis.
Voilà : je lis pour que Montaigne, Flaubert et Gide m'apprennent qui je suis.
Je lis parce que c'est une chance d'avoir des interlocuteurs aussi âgés : Montaigne 477 ans, Flaubert 189 ans, Gide 141 ans.
Je lis pour écouter les morts.
Je lis pour que Frédéric Berthet me dise ceci : "J'ai des souvenirs comme un défilé de mode, une mémoire comme un soir de cocktail, je n'évolue jamais dans ma chronologie sans avoir un verre à la main. Se souvenir, c'est comme sortir."
Je lis pour que Berthet m'explique pourquoi je fais la fête.
Je lis pour sortir, sans sortir.
Mais je lis aussi pour entendre des vivants.
Je lis pour que Pierre Ducrozet commence son premier roman par ces deux phrases : "J'en étais alors à me regarder pousser les cheveux. Le soleil commençait à m'emmerder sérieusement, et la pluie aussi."
Je lis parce que Mathieu Terence défend le mot "pénombre".
Je lis parce que Mathieu Terence, comme Charles Dantzig, comme Sartre avec Les mots, a lui aussi ressenti le besoin de bâtir son panthéon de lecteur, parce que des mecs de trente ou quarante ans continuent de croire que lire mérite le détour en 2010, et que ce choix bizarre est un choix de résistant.
Je lis pour ne pas vieillir.
Je lis pour échapper à la société autant qu'à moi-même.
Je lis pour être libre.
Je lis pour ne pas être dérangé.
Je lis pour ne pas répondre au téléphone.
Je lis pour ne plus être ici mais là-bas.
Je lis sans raison.
Je lis pour lire. »
J’affectionne ce genre de petit texte, où l’on peut écrire tout ce qui nous vient à l’esprit, à l’instant où on l’écrit, que ce soit vrai, faux, original, totalement inventé, incisif, doucereux, provocateur... peu importe le ton.
Je vous propose donc pour cette 219ème proposition de choisir un verbe et de vous exercer à cette énumération. Votre texte devra donc commencer par « Pourquoi je…. » et ça peut être bien évidement tous les verbes qui vous viendront à l’esprit.
Pourquoi je jardine ? Pourquoi je cours après le temps ? Pourquoi je mange ? Etc…Un seul verbe par texte. Et aucune limitation de textes, écrivez, écrivez, écrivez !
Bonne écriture à tous !
Nanou