J’ai bien étudié le parcours, je connais les heures d’affluence, donc je suis sûre de pouvoir aller au bout du voyage.
Cachée dans les bosquets ; j’attends.
Enfin une voiture. Je fais signe au camion à droite du croisement.
J’aborde la voiture.
- Hé ouvrez la porte ! Je ne vais pas très loin c’est sur la route vous pouvez me déposer ?
- Noooon, je ne prends pas d’auto-stoppeur.
- C’est pas pour longtemps…
- Nooon. J’attends que le camion débloque la route, je ne prends personne.
- Allez !! Je vais parler au camion… il va débloquer et vous me prenez d’accord ?
- Je ne vois pas comment vous pourrez le convaincre, il fait sa manœuvre...
- On va voir… Je vais parler au chauffeur.
- ça y est. Il n’en a pas pour longtemps, vous pouvez me prendre ?
Soupir..
- montez mais je vous dépose au prochain arrêt de bus…
- Ok merci, ah vous voyez le camion a réussi, vous pouvez passer…
La conductrice est nerveuse, elle n’aime pas être dérangée. Elle a raison on ne sait jamais sur qui on tombe.
-Merci pour la route…
Silence.
_ Ah, vous pouvez tourner ici ; je suis presque arrivée ?
- Non, je vous dépose, débrouillez-vous.
- Et bien je suis désolée, mais vous allez tourner.
- Quoi ?
- Comme vous pouvez le constater chère madame j’ai une arme pointée sur vous.
- Et bien si vous me tuez on ira droit dans les arbres et vous ne vous en sortirez pas.
- Seriez-vous courageuse p’tite dame ? Je vais commencer par tirer dans le genou d’accord,
- Ok ok je tourne.
- Merci
La conductrice est livide. Elle tremble et son regard s’affole.
- Ah nous y sommes, vous voyez ce n’était pas compliqué.
- Descendez.
- Oui, mais vous allez m’accompagner
- Non, non, j’ai fait ce que vous voulez, descendez…
- Non Annah..
- Comment savez-vous mon nom ???
- Descendez.
- Que voulez-vous ? Ne me faites pas de mal, s’il vous plaît…
Je la tire par le bras et l’amène près d’une clairière. Elle regarde de tous côtés, affolée si elle peut être secourue.
- Reconnaissez-vous cet endroit Annah ?
- Nnnnon
- Vous devriez
- Non !
- Et bien chère madame, il y avait ici des gens qui habitaient, des parcelles de terrain données par l’état après le tremblement de terre… un grand bidonville
- Ça vous revient ?
- …non
- L’état a voulu donner des terrains ailleurs et détruire le bidonville, vous me suivez ?
- …..
- Vous voyez, ça vient ! Vous vous souvenez aussi que vous, votre mari et pas mal de personnels bien placés à la mairie ont vu la bonne affaire… Vous me suivez toujours ? Vous avez donc spolié les terrains des pauvres bougres que nous sommes et avez revendus nos terrains,
- Mais j’ai rien fait moi !
- Non excusez-moi c’est votre mari, vous n’avez fait qu’encaisser l’argent.
- Vous ne savez pas ce que vous dites, vous n’avez pas de preuves, et puis il y a longtemps !
- Ah oui, longtemps hum… Mais vous avez attendu bien longtemps pour traîner en justice pour délation celui qui s’est battu pour ses droits et ceux des bidonvillois, vous avez demandé des dommages et vous voulez le faire mettre en prison non ? Et votre ami le juge Ben, a entériné votre demande ! Votre mari a été jugé par les hautes autorités et reconnu coupable non ? Et vous vous acharnez contre cette personne. Vous avez bien ri quand le juge a prononcé son verdict, non ?
- ……….
- Mais si ! Et bien là c’est moi qui vais vous juger. D’ailleurs la fameuse association sur laquelle vous prenez beaucoup d’argent de l’état va recevoir bientôt le relevé de vos comptes… Vous vous êtes bien servie de l’argent des enfants que soi-disant vous aidez…
D’une voie faible
- Mais mon association est réelle, je…
- Oui l’argent aussi … Hum…. Voici mon verdict : Prison sans sursis…. Ce que vous avez requis pour mon ami non ?
- C’est le juge…
- Bien sûr… Je vous ai préparé un bon petit coin, vous allez goûter au plaisir des prisons, mais celle-là n’est que pour vous…
Je l’emmène dans le sous-sol d’une ancienne maison du bidonville.
Quelques explications…
Les maisons ont été rasées, mais certaines caves sont restées intactes.
Les gens avaient vécu là plus de 40 ans.
L’état, dans son programme « Pays sans bidonville » a donné aux bidonvillois des terrains à construire près d’un village. Et bien sûr les fonctionnaires ont spolié et détourné ces terrains, revendus et tiré bien des profits.
Après les avoir dénoncés par le biais de la presse, mon ami a eu gain de cause, mais le fonctionnaire haut placé déchu aujourd’hui se venge.
Sa femme, profitant de son association d’aide aux enfants a aussi détourné des fonds. Elle accuse de diffamation celui, qui toujours dans un journal a dénoncé ses actions.
Le jugement est passé, et le juge donne gain de cause à la plaignante.
Mon ami est menacé de prison, et étant pauvre, il doit dédommager ces voleurs patentés.
Quelle solution ? Dans ce pays quasiment tous les fonctionnaires sont corrompus… Quelle justice ?
Je mets la femme dans sa cave… et je vous laisse le soin de vous en occuper…