Une vapeur épaisse s’élève et s’agrège en ruisselets sur les planches de pin qui exsudent leur parfum hivernal. Encore une louche d’eau et la température sera parfaite. Dans un long chuintement, les pierres chauffées depuis plusieurs heures crachent un nouveau nuage calorifère. Tuulikki grimpe sur la banquette la plus haute et laisse la vapeur la pénétrer jusqu’à sentir une gêne dans les bronches. Elle se dissimule le visage de ses mains et attend que la chaleur enveloppante fasse perler l’eau sur sa peau, goutte après goutte. Puis il faudra verser de nouveau l’eau sur les pierres, remonter là-haut et laisser l’eau s’écouler de chacun de ses pores, se rincer en s’inondant de l’eau de citerne recueillie dans un seau d’acier, recommencer jusqu’au moment où le corps, léger, purifié, dilaté semblera flotter dans la cabine en bois.
Sortir alors sur la terrasse surplombant la rivière, la peau gorgée de chaleur fumant dans l’air vespéral, se fouetter de branchages de bouleaux puis glisser dans l’onde froide le temps de quelques brasses avant de rejoindre la terrasse, rafraichie, recomposée, tonifiée. A moins qu’en plein hiver l’eau de la rivière ne soit piégée sous la glace, dans ce cas Tuulikki, enveloppée dans une serviette, reste de longues minutes les pieds dans la neige, l’âme sereine, à guetter la vie dans la noirceur chargée de blanc des sapins entourant la cabine.