Sans retourner à la nuit des temps
Certains se souviennent
De l’eau corvée
Avant que n’advienne
Le progrès et son cortège
D’essor inachevé
Par tous les temps
S’extirper de son siège
Traverser la cour
Hisser des profondeurs du puits
Le seau empli de l’eau du jour
C’était leur lot quotidien
Pour un brin de toilette
Garnir la marmite pour la soupe
Le chaudron d’eau de vaisselle
Dont les pourceaux se délecteraient
Ou encore la lessiveuse pour la bujade
Et le filet d’eau de la couade
Point de ferme sans bovins
A s’abreuver dans le bac de pierre
Au retour du pacage d’avril à octobre
Ou détachés de leur place d’étable
Profitant de ce moment de liberté
Pour avaler leur content d’eau
Puis l’eau du puits
Est tombée en désuétude
Abreuvoir automatique
Machine à laver
Et lave – vaisselle
Douche et salle de bains
Aujourd’hui c’est l’inquiétude
Et si l’eau venait à manquer
Retourner à la parcimonie
De la couade et la bujade
Refaire la route à l’envers
User et non abuser de l’eau
La couade est un objet domestique qu'on a utilisé depuis le Moyen-Age jusqu'au XXème siècle.
C'est une sorte de grosse louche en bois au manche percé sur toute sa longueur.
Avant la venue de l'eau courante dans toutes les maisons, on utilisait la couade à la manière d'un robinet :
on en emplissait le bol dans le seau que l'on avait tiré du puits, à la fontaine …
La bujade, bien sûr, c’est la lessive