Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Il était une fois, il y a bien longtemps, j'étais encore un jeune homme, alors vous pensez, ... Il était une fois, donc, deux randonneurs qui allaient, sac sur le dos, de châteaux en châteaux sur les crêtes des Vosges. Horizon dégagé, ciel bleu intense, soleil puissant qu'aucun nuage n'avait l'outrecuidance de venir titiller.

Le chemin poussiéreux escaladait les collines parmi les buissons qui commençaient à se dessécher ; nous n'étions qu'en juillet et déjà la nature se faisait aride. Quelques rares végétaux avaient trouvé, pour ne pas trop perdre leur sève, la solution de pousser là où l'ombre des bâtisses s'étiraient l'après-midi. Mais ce n'était que l'ombres de ruines que le temps irrespectueux avait bien dégradées.

Nous marchions depuis le matin et, peu expérimentés, afin de ne pas alourdir notre sac, nous avions limité toutes les provisions, jusqu'à la réserve d'eau. C'est ainsi que, le repas de midi terminé, au moment de reprendre notre chemin vers le prochain château, il nous fallut bien constater que nos deux gourdes étaient vides. "Ça ne fait rien, me dit mon camarade, car ce soir, au gîte, nous pourrons boire tout notre saoul. En route".

Nous n'avions pas marché une demi-heure que déjà mes lèvres étaient sèches et que ma langue peinait à les réhydrater. Au premier château visité, l'idée saugrenue me vint qu'un hypothétique châtelain avait peut-être installé dans la cour un débit d'eau fraîche pétillante. Mais non ; il n'y avait que pierres chaudes, poussières et ronciers aux fruits racornis. Et le soleil.

C'est alors que le besoin d'eau atteignit son paroxysme. Parfois, lorsque je marche, je fredonne quelques airs et c'est bien agréable. Mais là, dans ma tête surchauffée, qu'elle ne fut pas ma surprise d'entendre naître une chanson de G. Allwright, une de celles que je connaissais bien. "Non, pas celle-là, vite une autre. Elle est chouette, celle-ci, mais elle n'est pas de circonstance. Une autre, vite". Mais toutes mes tentatives furent vaines ; quand un air vous possède et que vous possède aussi une obsession...!  Et c'est ainsi que tout le restant de l'après-midi, les lèvres, la langue et la gorge sèches, j'ai susurré malgré moi au chemin, aux buissons et aux châteaux ces paroles qui parlaient d'un fleuve à traverser et dont le refrain disait : " On avait de la flotte jusqu'aux g'noux et le vieux con a dit d'avancer... On avait de la flotte jusqu'au cou et ...........".

Tag(s) : #Textes des auteurs
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :