A chaque moment de l'existence où tous les repères vacillent, ou la perte sonne le glas, il y a cette phase ou la décision parait impossible, où l’élan du changement pourtant indispensable à la suite ne vient pas.
Il y a les opportunités, les « et si », le champ des possibles qui donne ce tournis face à l’effondrement de nos projections, de cette petite bulle dans laquelle nous nous étions enfermés avec comme perspectives le cadre rassurant du couple, les nombreux projets et l’illusion palpable de la fragilité de cette construction.
Des petites morts pour celui qui reste vivant, il y en a plein au cours d’une vie. Les deuils petits ou grands sont nombreux et parfois le sort nous met en face d’une reconstruction que nous redoutions. Non jamais… non jamais devoir tout recommencer, plus jamais.
Qu’il est bon de se croire en sécurité, qu’il est déroutant de voir tout vaciller.
Il ya trois mois, alors que nous entamions une phase de concrétisation de nos rêves et que certains déjà en place nous apportaient du bonheur, Charlotte est partie. Charlotte, la femme que j’aime et avec qui je me voyais encore de nombreuses années à céder à la tentation de tout détruire. Moi qui voyais en cette période une phase de notre couple lumineuse et prometteuse, elle, la voyait avec un regard passéiste, une vision qu’il m’a fallu tout ce temps pour comprendre. Il n’est pas toujours simple de se mettre à la place de l’autre lorsqu’il nous a brisé le cœur.
S’ensuit une période de confinement, où là où je savais déjà qu’il faudrait tout reconstruire, il me fallait encaisser le choc de l’isolement, de l’impossibilité de travailler et de vivre la violence des émotions liées à cette rupture, seule, seule et encore seule.
Depuis 3 mois j’ai fait le choix de rester chez nous, un choix aussi contraint par le problème du logement ici en Loire atlantique. Il me faut depuis ce temps vivre avec le fantôme de mes rêves et malgré tout chercher l’élan. Je le guette, je le traque mais il ne persiste pas en moi.
Et pourtant les prémices du printemps annoncent déjà le renouveau, il est hors de question que je reste ici des mois encore sur les vestiges d’une vie qui n’existe plus.
Je sens cette énergie au fond de moi qui renait et me demande d’avancer, qui veut me pousser vers d’autres horizons mais cet inconnu me fait si peur, ce grand saut dans le vide que j’ai tant connu par le passé dont je ne veux plus. Pourtant je le sais, passée la période de stress et de chamboulement, la vie nous offre ses lumières, ses nouvelles saveurs, ses nouvelles rencontres. J’attends avec impatience cet élan, ce feu assez dense qui me permettra de sauter le pas. Je sens qu’il n’est pas loin, plus la peur augmente, plus les doutes se présentent à moi, plus le moment fatidique de la décision se rapproche, je connais les signes, ils arrivent toujours à l’aube du grand saut.
Et bientôt s’offrira à moi peut être les fruits de cette prise de risque, déroutants mais plus que vivants.