P197 Jean-Luc – Tombe la neige

Tombe la neige, tu ne viendras pas ce soir… Ces paroles ne faisaient pas que de me rappeler celles d’une chanson, elles me remettaient également en mémoire, la dernière fois où Julie était venue chez moi passer la soirée. Nous avions convenu de nous retrouver autour d’un dîner qui s’était voulu banal, mais auquel inconsciemment peut-être, j’avais ajouté une certaine solennité. L’ambiance particulière d’un dîner aux chandelles nous avait beaucoup rapprochés… Julie était une femme d’apparence prude, même froide, surtout si elle ne vous connaissait pas. Là, elle s’était rapprochée de moi ostensiblement me laissant espérer une conclusion proche. Nous nous étions rencontrés par l’entremise d’une amie commune avec qui je n’avais pourtant pas beaucoup d’atomes crochus, mais qui avait le cœur sur la main. Avait-elle deviné chez moi l’ennui d’être seul, sans penser un instant, ou alors elle l’avait bien cachée, qu’elle aurait pu à cette occasion combler sa propre solitude. Toujours est-il que cette fois-là, elle avait joué le rôle d’entremetteuse et cela n’avait pas été pour me déplaire, moi qui n’étais pas non plus d’un contact facile. Elle n’avait d’ailleurs pas cherché à démentir son rôle dans notre rencontre. Je ne lui avais pourtant rien demandé, mais elle avait dû penser que nous étions faits l’un pour l’autre.

Faisait-elle partie de ces femmes possédant des dons particuliers en ce domaine ?

Les mois avaient passé pendant lesquels les rencontres s’étaient espacées de plus en plus. Alors, je l’invitai à nouveau, un soir de janvier. Elle m’avait répondu qu’elle viendrait, sur un ton que je devinais empli de doutes.

Ce jour-là, la neige tomba toute la journée couvrant la campagne d’un épais manteau blanc, rendant les routes impraticables. Le soir venu, je perdais bien sûr espoir de la voir arriver. Je ne fus guère étonné lorsque le téléphone se mit à sonner.