Je me souviens, lorsque j’étais gamin de la période de mardi gras où nous étions heureux de nous déguiser en portant les masques de nos héros préférés.
Je me souviens de ce marchand de couleurs, chez qui je me rendais avec ma mère en trépignant d’impatience pour y choisir mon masque.
Cette boutique, véritable caverne d’Ali Baba, regorgeait d’objets du sol au plafond.
Il y avait des ustensiles de cuisine, des outils pour le bricolage, pour le jardinage, des produits d’entretien, du cirage, des rubans attrape-mouches, des seaux, des balais, des pelles, des paniers en osier, des graines pour semer des légumes ou des fleurs.
Mais moi, ce qui m’intéressait par-dessus tout, c’était les jouets, dont la plupart étaient suspendus.
Il y avait des ballons, des raquettes, des cordes à sauter, des balles, des cerfs-volants, et des moulins à vent de toutes les couleurs.
Dans des vitrines, il y avait des voitures miniatures, des petits soldats, des cowboys, des indiens, et des chevaliers en armure avec leurs destriers.
Sur un mur étaient accrochés tous les masques des personnages de mon enfance, Donald, Mickey, Titi, Grosminet, Bunny, Tintin, le Capitaine Haddock, Astérix, Obélix, Pinocchio, Mowgli, Baloo, Zorro, ils étaient tous là à m’attendre.
J’ai choisi le masque de Zorro, parce que c’est un justicier comme Tarzan ou Superman, il triomphe toujours des méchants, c’est lui le plus fort, même s’il n’a pas de supers pouvoirs.
Je me souviens combien, malgré le champ de vision limité, et la chaleur qui régnait sous le masque, j’étais heureux d’endosser le rôle de ce personnage.
Pendant un cours instant, je n’étais plus ce petit garçon timoré, j’étais devenu un justicier implacable, capable de toutes les audaces.
Je garde de cette période de mon enfance une douce nostalgie, période d’insouciance et de naïveté.
Quel dommage, aujourd’hui, les masques ont disparus des magasins, tout comme l’insouciance et la naïveté, de la tête des enfants.