L’eau cristalline, en vagues successives, venait depuis toujours abreuver les rives sinueuses de la plage de sable couleur de blé ensoleillé.
L’enfant au regard profond contemplait l’horizon lointain. L’été venu, il rêvait tout éveillé. Il se voyait assis au balcon à écouter les chants voluptueux des cigales. Il s’imaginait se rafraîchir des délicieuses citronnades exotiques de sa mamie préférée. Il adorait humer les effluves et les parfums des arbres en fleurs. Il aimait aussi, le feuillage odorant des arbres en fleurs. Il raffolait du zeste d’agrumes. Il s’habillait souvent le matin à l’aurore du souvenir toujours bien présent de la riche cannelle, du clou de girofle et surtout par-dessus tout, des relents envoûtants des pieds d’anis déterrés. Ses délicates cellules olfactives et gustatives s’affolaient. Tous ses sens aux aguets s’émoustillaient des plaisirs à venir.
Doucement, après le mitan du jour, dans un geste raffiné, il retirait le canotier que son grand-père Arthur lui avait offert pour don dernier anniversaire. Il le déposait avec la tendresse d’une précaution au velours précieux voulant presque marquer la déférence qu’il accordait à son affiliation paternelle. Merci grand-père ! C’est toi le plus cool des grands parents !
Une fois déposé sur les galets, bien à l’abris, son couvre-chef veillerait aux rythmes du va et viens routinier de la mer à peine agitée. Après qu’une libellule eut mît fin à sa visite de courtoisie curieuse et inopinée, frivole, il courut vers les herbes folles dessinant un sentier lumineux invitant à la découverte.
Lorsque la clarté diminua avec une soif intense en finale apaisée, il revient comme à regret vers le bord de mer. Heureusement, là, plein d’un amour profond, l’attendait le cercle formé de ses proches. Fier, l’enfant à la longue chevelure bouclée, remis, comme sur un plateau d’argent, aux regards étonnés, une moisson riche de ses découvertes précieuses dû au fait de ses promenades solitaires.