Cling cling cling clong cling cling clong cling… Par mes Vélux ouverts au soleil, j’entends les pavés résonner de ce son qui rebondit aléatoirement, suivant la taille des pierres. Un bruit qu’habituellement, j’aurais identifié aisément mais qu’aujourd’hui je ne resitue pas dans l’immédiat. Inutile de me pencher par la fenêtre pour en découvrir plus : je vis sous mansarde et ne s’offrent à moi que les toits et le ciel d’un bleu parfait, immaculé du moindre nuage, de la moindre trainée blanche d’avion.
Cling clong cling, répète le caddy ; Mais bien sûr ! Après plusieurs semaines sans activité, le marché déballe à nouveau ses étals. Ce ne sont pas les voix bruyantes des camelots qui d’ordinaire me le rappellent mais bien les chariots dévalant ma rue. Réalisant de quoi il s’agit, je dévale mes 4 étages.
A chacun son accoutrement : qui son caddy et son masque, qui son panier sans masque, qui mains libres et sans masque. Mais ce qui me saisit le plus, ce sont les passants qui fleurissent les rues. D’abord de façon éparse, puis en flux grossissant. Les voix tues des solitaires laissent place aux exclamations des copains heureux de se retrouver et taper le bout de gras.
Une longue file d’attente se profile à l’entrée du marché pendant que le ciel se grise de façon de plus en plus menaçante. Trente minutes plus tard, j’accède aux marchands. Petits pois, fenouils, asperges, épinards, pommes de terre nouvelles dévoilent leurs couleurs mêlées. Les camelots laissent fuser des boutades entre eux. On peut, chez certains acheteurs, ressentir ne une certaine inquiétude face à cette ambiance particulière malgré tout.
Soudain, un coup de tonnerre éclate et la pluie se met à tomber promptement alors que je me dirige vers la sortie. Flip flop flip flop flip flop flip flop tintinnabulent désormais les caddies.