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Suzie aimait à se remémorer le fameux dicton qui décrétait que sous le gui blanc et le houx entremêlés, se lient les plus grands amours. Elle en avait fait un jeu plus que plusieurs fois quotidien. Presque un rituel durant cette période festive de l’année. Sa préférée d'ailleurs. C’était en réalité devenu pour elle une obsession hallucinogène.

Sous une arche de bois sculpté où apparaissaient des gargouilles, soi-disant taillées par l’ébéniste-artiste afin de contrer le mauvais œil, cette antique superstition, s’étalait une magnifique guirlande de houx. Cette resplendissante verdure sortait des contes de fées pour le bonheur des tous petits comme des adultes qui avaient su conserver leur cœur d’enfants. Accompagnée de deux somptueux sapins décorés avec de nombreux traîneaux du père Noël au costume flamboyant. Cet habit légendaire à la riche couleur sanguine avait comme garniture des ourlets de fourrure nordique d’une blancheur éclatante.

Un vieux clown assis au piano du café Crème s’amusait à jouer une musique entraînante pour le plaisir fou de la jeune fille enjouée au magnifique sourire qui dansait d’une joie incontestable.

Suzie avait un faible pour le chocolat ainsi que toute la période des réjouissances de Noël et du Nouvel An.. En fait, elle adorait tout le flafla et le tralala accompagnant l’apparat du somptueux, ce clinquant chic que l’on nomme parfois vintage. Tout ce qui brillait, sortait de l’ordinaire, ce quotidien routinier, paraissait pour elle un rêve en devenir. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que sous le masque clownesque se cachait un homme très gentil, humble, accablé qu’il fût par la déficience de la maladie du vocabulaire, récidive du manque flagrant de communication active envers ses congénères. Il adorait les animaux en général. Avec eux, nul besoin de parler verbalement. Sa profession de comportementalisme animalier au département de la SPCA de Marseille lui permettait de vivre sa plus grande passion, celle de côtoyer. Il avait un trouble du langage qu'il semblait se désavouer à lui-même.

Tout comme Suzie, atteint du phénomène des tocs, il aimait à se remémorer régulièrement cette fameuse citation de Jean-Louis Giovannoni le poète et qui disait à peu près ceci: peut-être que nos mots sont la seule terre où on peut s’établir. Cela, croyait-il avec véhémence, lui apportait un réconfort certain, cette satisfaction potentiellement créatrice de la contenance émotionnelle si bénéfique et qu’il désirait tant en continu.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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