Bon, c'est parti ! L'horrible tâche qui s'était incrustée dans mon chemisier blanc est effacée. Je l'ai eue. Elle a disparu tout comme mon petit ami qui m'avait justement offert ce joli chemisier.
Je me suis acharnée dessus, passant ma rage par le frottage de cette tâche. Elle m'a résisté puis elle s'en est allée.
Me voilà redevenue célibataire avec un beau chemisier que je ne remettrai plus. J'ai ôté la tâche pour oublier.
Maintenant, je cesse de pleurer. Je me reprends en main. Je m'inscris dans une salle de sport et je n'y pense plus.
Ce soir, c'est ma première séance.
J'entre dans la salle de danse et de fitness faite pour la gym, la zumba et le pilate.
Je vais commencer une séance de renforcement des abdominaux, des cuisses et des fessiers.
Non mais sans rire, j'appréhende. Je n'ai pas fait de sport depuis le lycée. J'ai plus de cinquante balaies et je suis aussi raide qu'eux.
J'ai enfilé une tenue de sport plutôt seyante. Mes baskets neuves sont immaculées et doivent le rester par respect pour le plancher. Dommage ! Je les aime bien. J'aurais aimé me promener avec elles aux pieds dans les rues de la ville. Mais bon, me concentrer me paraît une meilleure idée.
Je suis debout face à un grand miroir. Derrière moi, je vois que les autres femmes ont déjà installé un grand tapis bleu devant elles. Je vais vite en chercher un.
Nous devons aller chercher des altères et des poids à accrocher à nos chevilles. Sans hésiter, j’obtempère. Je suis volontaire.
Il y a du monde, cela m'encourage.
Et puis, d'un seul coup, la musique jaillit. Le contraire du silence vient heurter mes tympans. Je ne m'entends plus penser lorsque soudain, l'animatrice bondit comme si elle était montée sur ressorts.
Là, je me dis : « Bon, c'est parti ! »
Je suis le rythme.
L'échauffement se fait debout. En à peine 10 minutes à bouger de gauche à droite, de droite à gauche, à sautiller, à lever les genoux, à plier les jambes, à secouer les bras, je suis déjà trempée de sueur.
Je n'ai pas pensé à acheter un soutien-gorge adapté. Je sens une de mes bretelles glisser sur mon épaule droite. Ça m'agace !
Nous voilà enfin toutes bien échauffées et moi, particulièrement essoufflée.
Nous nous allongeons sur notre tapis, pas pour nous reposer, mais non, seulement pour commencer le calvaire. Mes muscles sollicités par des mouvements répétés me supplient d'arrêter. Je suis, comme toutes les autres, observée par le regard impitoyable de la prof. Je ne peux pas me défiler. Allez ! 8 ; 7 ; 6 ; 5 ; 4 ; 3 ; 2; 1 et encore 8 ; 7 ; 6 ; 5 ; 4 ; 3 ; 2 ; 1 et encore 8... Stop ! Pitié !
La douleur est abominable surtout au niveau des abdominaux. Mes abdos sont minables. Je fais des abdominables. D'avoir fait ce jeu de mot ridicule toute seule dans ma tête avec les pieds en l'air m'a aidé à finir la série de mouvements. C'est toujours cela de gagné. Malheureusement, ce n'est pas fini, une autre série vient de commencer. Je souffre de partout.
En plus de mon petit cœur en miettes, tout mon corps est brisé.
La séance se termine enfin par des étirements.
La prof, pour me rassurer me dit : C'est normal, au début, c'est douloureux.
Cette période de torture va continuer demain avec les courbatures.
Et le lendemain, après un réveil difficile, pas manqué, je peine à monter mes escaliers.
Après le petit-déjeuner, je me pose sur mon canapé.
Je regarde par la fenêtre.
Je le vois qui revient.
Le sourire aux lèvres, je l'accueille sur le seuil.
Bon, ben, c'est reparti !