J'ai tenu
Entre mes mains fébriles
De sombres cartes
Au temps anciens
De mes jeux de ruelle
J'étais
Ce prince charmant
À l'épée de bois
Et aux piques de clou rouillé
Et en brouettes désuètes
J'empruntais
Des sentiers déserts
Conduisant en secret
Au fond du creux
Des imaginaires margelles
Habitées d'hideux fantômes
Et d'horribles loup-garou...
J'aurai souvent
Marché à genoux
Où tête basse
Les mains dans les poches
Les poings fermés
Les mâchoires barrées
Oui j'aurai ainsi
Trouvé des oubliettes
Et des sombres caniveaux
Où se taire en silence
Afin de survivre
Aux puérils affronts
De ces nombreux cons
De mon adolescence
J'en aurai tourné
Des cartes vides de sens
Sans timbre de retour
Postées au nom
De l'intransigeance
Le dos aussi
J'aurai courbé
En fuite des bruits immenses
En forme de violences
Face aux préjugés
Et de l'ignorance
De la différence...
J'en aurai abattu
Des jeux de cartes
Aux couleurs obscènes
Des peurs irrationnelles
Seules raisons raisonnables
Et pourtant si insoutenables
De croire en la noirceur
À laquelle hélàs
L'on m'avait destiné...
Et Dieu merci
J'aurai eu
En cadeau de la vie
Comme habit d'apparat
À brasser avec hardiesse
Mon jeu de Tarot
En parti découvert
Et presque perdu d'ailleurs
Et en triste réalité
Pour cet indomptable voyageur
Des cartes de voyages
Genres cartes du ciel
Espérant ainsi tracer
Les routes incroyables
Des voyages fous d'espoir...
J'aurai acheté
Au cours du temps
Des cartes de tous les possibles
Dont celui presque inimaginable
De croire au bonheur
De voir la lumière
Au-delà du tunnel
D'un humain qui se croyait raté
Afin qu'au bout du compte
Il existe loin de la douleur
L'amour de l'immense guérison
Celle de ne plus croire
Aux foutus malheurs
Et de vivre d'espoir.