Guillaume Conquérant, soit dit entre nous, quand on s’appelle Conquérant appeler son fils Guillaume, bon ce que j’en dis… Donc Guillaume avait perdu sa chemise. Il allait torse nu, avec dans le regard une tristesse non feinte car c’était sa dernière chemise, au commissariat du quartier voir si par hasard quelqu’un ne l’avait pas retrouvée. Il faut dire que la veille, il avait joué jusqu’à son dernier centime au tarot dans son club préféré. Il avait aussi tellement bu pour oublier sa défaite qu’il ne se souvenait plus de rien ; et puis y avait foule dans la salle et c’est là que le larcin avait dû être commis, Car c’est bien un larcin que de dépouillé jusqu’à sa dernière chemise un pauvre type.
Quand il pénétra dans la salle d’accueil du commissariat de la rue Percé ; il sentit le frais lui caresser la peau. Il attendait que l’on veuille bien s’occuper de son affaire. Cela sentait la peinture fraîche ! On dirait que les peintres avaient choisi précisément ce jour-là pour donner un coup de ripolin dans le bureau du commandant. La porte avait été enlevée pour les besoins des travaux laissant apparaître par le trou béant un couleur framboise pistache. Guillaume se surprit à sourire tandis qu’un policier rétif grignotait son sandwich- salade chorizo- lui fit remplir un formulaire de cinq pages.
Comment s’écria Guillaume, cinq pages pour une simple chemise ? Pourquoi pas non plus une dissertation sur la couleur de mon vêtement…
Ah « c’était bien la preuve, si besoin était que quelque chose ne tournait pas rond ».