Dans le jardin de ma Mie , il faisait bon vivre : se détendre altéré, à se prélasser souvent . En levant paresseusement nos paupières engourdies, nos regards entrecroisés, s’arrêtaient par moments sur le bas-côté, à un fourré étendu d’impénétrables broussailles. Le flanc d’une Quatre-chevaux, renversée, à l’ocre pâlissante ravagée de rouille, en émergeait. A peine. Dans ce fouillis ombragé, on ne s’était jamais risqué : la vue des branches racornies et de quelques résineux en mal d’épines, nous avait suffi. Et, Oooh ! Surprise, tout à droite, à deux doigts d’une maison abandonnée, un parasol de boutons d’or se devinait dans l’entremêlement des feuillages épars … Extraordinaire à cette heure de l’année et Wouah !
D’un regard complice ponctué d’imperceptible mouvement de tête, Mie annonça la couleur : il fallait voir de près.
Dos courbé, bras en bouclier, nous avancions, façon Tarzan et Jane au milieu de la densité. Après bien d’ennuyeux contours et franches avancées, nous nous frayions un chemin rassurant de ce labyrinthe végétal. A quelques coudées, l’arbuste apparut alors. Galonné de pompons jaunes d’or qui rivalisaient de nuances, s’offrant en généreux bouquets à nos yeux exaltés. Sous le mimosa frais, on s’enivrait du léger parfum en poussant par instants interposés, des hamm, hummm de pur contentement.
Comblés d’une ivresse nouvelle, nous décidâmes, nonchalants, de retrouver l’improbable sentier, fraîchement taillé. L’avancée était hasardeuse et insouciante. Quand d’un coup, une douleur me parvint à l’oreille. Un Aiie, oahhh ! me glaça le sang en statue. Là, une morsure à la joue gauche m’arracha un hiiiiiii de saisissement. De l’arrière de mon genou monta une brève éruption, m’ éclatant en un aaahhhhhhhhh indescriptible.
- GGGuêêêppes !!! criai-je.
Le frisson me gagnait quand mon sang s’ébouillanta. Trop ! C’en était … ! Les bzzzzzz en volées virevoltantes bruissaient de tous côtés. Et han !vlan ! schlac ! paf ! pflaf ! wizzz !! je repoussais, autant que faire se peut, l’invisible ennemi. Mie, où es-tu ?
Rageusement, je frappai, essuyai, frottai, griffai, pinçai, tordai. Arghhh ! De contorsions multiples et brutales à mes bras fébriles et tranchants, je parai, esquivai, contrai. Happant l’air dans l’espoir, au passage, d’attraper une belliqueuse que j’aurai écrabouillé de ma main nue.
Des jambes, je lançais des coups vifs et mordants, distribuant des wizzz, vlac, ahan, schlack, hon… redoutables sonnants, livré que j’étais en un mortel combat!
Rien n’y fit. Les aiguillons s’enhardissaient de plus belle.
Rassemblant un zeste de lucidité, je me mis, à travers branchages et racines imprudentes, à prrrrttt bondir tel un désespéré, en un cent mètres impromptu. Le clair du jardin était notre salut. Vite !
Mie, en un quart de réflexe, m’emboîta le pas, sautant comme jamais vers la subtile retraite.
Une poule, planquée à l’ombre du boqueteau nain, hurla à la mort de nous voir débouler, et, fendit l’air en un battement empoussiéré.
Enfin, à découvert, hhhhhhhhmmmm j’aspirais libre, expirant goulûment pfppffpppffffff. Avec ce curieux sentiment de bibendum devenu, tant les monticules rosâtres affleuraient de leur multitude. A poumons échauffés, je crachais sec d’une vengeance contenue.
Fin haletant, l’esprit comme éberlué, je demeurais longtemps à tête basse. Entre deux élancements, je tentais un regard du côté de mon infortunée compagne, là-bas qu’elle était, consolée d’un chêne un brin menu, mouchoir en bouche, le corps à la tremblote, livide.
Je ffffffffffttttttttt sifflais à l’extrême, jurant que plus jamais …