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Elle lisait dans ses yeux l'aveu d'un amour qu'il n'exprimerait jamais. Pourtant ils se connaissaient depuis leur jeunesse, toujours inséparables. Ce qui faisait dire aux vieux du village que leur avenir était définitivement tracé.
Mais à cette heure, l'Histoire était passée, et il ne ressentit aucune pitié, aucun pardon.
C'était la fin de la guerre, et l'épuration sauvage sévissait dans tous les villages. Il était arrivé le jour où les collaborateurs tremblaient de peur.
Notre héros était un résistant de la première heure. Il avait été de toutes les batailles, il avait été de tous les « attentats » comme le disait l'Envahisseur. Il avait vu mourir  la majorité de ses camarades lors de combats dérisoires.
Durant quatre années il fut séparé de sa bien-aimée et n'avait trouvé aucun moyens de communication fiables pour lui dire qu'il était vivant, qu'il allait bien et qu'ils seraient de nouveau ensemble. Mais la situation était telle qu'il n'avait pu lui faire parvenir ne serait-ce que trois mots sur un bout de papier.
Enfin le conflit s'essoufflait. L'armée allemande se repliait en des lieux plus sûrs et les actions militaires des différents mouvements de la résistance étaient davantage décisifs.
Notre personnage évidemment donnait du sien, il avait sous ses ordres une dizaine d'hommes qui savaient en découdre. C'était la débâcle allemande.
Enfin, après six mois de luttes, les Allemands quittèrent définitivement le sol français. Ce fut la liesse dans les villes et les villages français : la peur cessait, ce fut l'heure de la justice expéditive et des exécutions sommaires. David décida après l'accord de son supérieur de rentrer chez-lui.

Trois semaines plus tard …

Il arriva enfin à bon port. Il allait pouvoir revoir sa famille, il allait pouvoir retrouver sa fiancée.
Il se dirigea vers la place principale où semblait se dérouler la fête consacrant la libération.
Alors, une main glaciale lui déchira le cour : son amour se trouvait au centre de la foule, subissant les crachats et la haine de cette dernière. Un homme lui tondait les cheveux. Un cri de rage sortit de la gorge de notre résistant, figeant l'attroupement comme par magie.
Elle lui fit passage et, David d'un pas ferme alla vers la coupable, lui pris le bras et l'emmena sans ménagement.
Elle lui narra durant trois heures les raisons de son humiliation publique. Il l'écouta sans dire un mot. Puis, quand elle eût achevé son récit, il l'a gifla, gifla, gifla, gifla.
Une voix le fit s'arrêter : c'était celle de son père.

 

 

« David ! Elle ne t'a pas tout révélé ! ».


Le patriarche lui annonça la mort de sa tante, sa marraine qu'il aimait tant. Elle avait été dénoncée comme résistante par cette personne qu'il haïssait maintenant : son ex-future femme.
Ceci eût lieu deux jours avant son retour. La victime fut torturée et fusillée. Elle devait être inhumée aujourd'hui.
La cérémonie eût lieu : David resta de marbre. A son issue, il ordonna qu'on le laissât avec la traîtresse.
Alors, d'une main assurée, sans manifester plus d'émotions qu'aux funérailles de sa tante, il lui broya le cou.

 

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