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On vient d’annoncer que le vol sur lequel je dois voyager est retardé de plusieurs heures. Je soupire, contrariée, mais après mûre réflexion il me faut bien admettre que je ne peux rien changer à la situation et qu’il vaut mieux que j’accepte ce délai sans me mettre les nerfs en boule. De nature curieuse, je regarde autour de moi pour voir les réactions des autres passagers qui, tout comme moi, doivent subir ce long délai.

 

Mon regard fait un survol rapide et s’arrête sur un couple de jeunes adultes qui s’embrassent à pleine bouche. Pour eux, le temps ne semble pas avoir une grande importance et je devine que quelques heures de plus à se bécoter ne changera absolument rien à leur état d’âme, je souris à leur jeunesse et à leur faculté à rester dans le moment présent.

 

Près d’eux, une jeune maman s’efforce de consoler son bébé qui hurle et se débat, je perçois le malaise de la mère qui aimerait bien calmer son poupon le plus rapidement possible. L’espace d’un instant, je souhaite ne pas être assise près de ce bébé durant le vol. Après coup, je culpabilise un peu de cette pensée égoïste. Je sympathise maintenant avec la mère qui devra user de beaucoup de patience durant des heures.

 

Un couple de personnes âgées, perplexes, demandent aux gens autour d’eux s’ils ont bien entendu, c’est bien de notre vol qu’il s’agit ? C’est bien nous ? Demande le vieillard à sa campagne. Je crois que oui, lui répond-elle mais je n’en suis pas tout à fait certaine, rajoute-t-elle. Et les voilà qui demandent à tout le monde de leur confirmer ce qu’ils redoutent. Découragé, le vieil homme se rassoit, enlève sa casquette, se gratte la tête et je l’entends dire qu’il n’est pas question qu’il rate les obsèques de son vieil ami Georges. Il est mieux de partir assez tôt cet avion de merde ! Tête baissée, il sanglote.

 

À ma droite, une dispute éclate entre mes voisins. Le gars se lève d’un bond et se dirige droit vers le bar situé face à la salle d’attente, il se commande une consommation qu’il enfile d’une traite, en recommande une deuxième tandis que sa compagne pleurniche et s’essuie les yeux. Je prédis une séparation prochaine. Je me rétracte qui suis-je pour savoir ce qu’il adviendra d’eux ?

 

Une dame farfouille dans son sac de voyage, en sort un tricot et enfile les mailles à une vitesse impressionnante, à ce rythme son ouvrage sera sans doute terminé avant sa descente d’avion ou avant même notre départ.

 

Deux enfants jouent aux cartes, indifférents aux réactions des adultes qui les entourent. Mots croisés, sudokus, livres, Ipad et Iphone sont de service. On prévient nos proches, on essaie d’agrémenter le temps, on cherche à connaitre la raison de ce délai, on s’occupe comme on peut.

 

On ressent la fébrilité qui anime le groupe, personne n’apprécie les contraintes et il n’est pas particulièrement agréable de se rendre compte que l’horaire de chacun est chamboulé. Certains ferment les poings en proie à une colère qu’ils essaient de contenir. Certains prennent les choses avec un grain de sel et seront des plus patients. Je me demande qui sont ces gens qui m’entourent, quels sont leurs métiers, leurs âges, leurs statut sociaux, leurs états de santés physique ou émotionnelle. Sont-ils maçon, médecin, vedette, tueur à gages, voleur, magistrat, enseignant et quoi d’autre ??? Sont-ils célibataires, mariés, veufs, divorcés ??? Sont-ils heureux, malheureux, entre les deux ??? 

 

Et si mon regard s’éloigne de ce groupe et scrute toutes les personnes qui fourmillent autour, tous ces employés de l’aéroport, des boutiques, restaurants, bars, comptoirs, concierges, je constate que nous sommes tous uniques et différents les uns des autres. Mais n’est-il pas fascinant d’observer la race humaine ici dans cet aéroport comme partout ailleurs ? Nous avons beaucoup à apprendre des autres et je souhaite à tous cette ouverture d’esprit pour accueillir la différence, l’autre et son bagage de vie.

 

Je me rends tout à coup compte qu’un voyageur assis dans la rangée de sièges qui me font face m’observe. Je crois qu’il joue au même jeu que moi et d’instinct nous nous sourions. J’aimerais bien l’avoir à mes côtés celui-là durant le vol, nous pourrions échanger nos observations et ma foi, il a une tête qui me plait bien!

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