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Les journées commençaient à être plus courtes.  Il était presque 18 heures. La ville sentait bon les gaufres chaudes et l’odeur  du sol humide parsemé de quelques  premières branches feu et or emportées par le vent.  A cette époque de l’année, une atmosphère un peu spéciale enveloppait les  rues commerçantes agréablement éclairées.

Pelotonnée dans mon écharpe bicolore, je les arpentais distraitement, le regard tantôt attiré tantôt complètement ailleurs.   Il ne faisait pas froid pourtant, mais je ressentais le besoin de me recroqueviller. Fiers de leurs tâches de rousseur, à califourchon sur d’énormes citrouilles, des lutins espiègles trônaient parmi des branches ocre, rousses et carmin savamment dispersées dans les vitrines orangées…. Ces décors colorés formaient certes  des tapis chatoyants mais tellement artificiels… Cela n’était pas suffisant pour adoucir mes pas titubants dans ces allées superficielles, où breloques et gadgets copiaient cette nature qui me manquait tant…

Trop de pensées dans le brouillard, de rafales de feuilles mortes, m’enlisaient le cœur… Dépouillée de toute envie de m’abriter, je  traversais l’averse,  le regard accroché au ciel rouge qui grondait.  Pauvre silhouette  anonyme,  je traversais la place n’entendant rien ni personne, pas même le beffroi  qui carillonnait gaiement.

Petite sauvageonne perdue dans ce bitume trempé, je languissais de ma chère forêt…

Partir devenait plus que  vital ! Je ne pouvais plus attendre mes prochains congés prévus seulement pour la fin du  mois d’octobre. 

Il me fallait toucher un arbre, puiser en lui sa force, m’écumer l’âme de toute impureté…

Il me fallait m’étendre telle morte au pied d’un tremble et sentir sous mon corps mouillé le tapis mordoré qui couvrait la terre… et fermer les yeux, me dépouiller de cette couverture pesante du quotidien…..

La seule image du ciel flirtant avec la cime des sapins m’offrait une orée gourmande.  Dans le ciel rosé, moutonné, j’arrivais à apercevoir une éclaircie apaisante… Je rentrais chez moi, le sourire aux lèvres, enveloppée de mon amour de mes chers arbres. Nourrie de mes racines, demain serait plus léger...

Tag(s) : #Textes des auteurs
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