Nous nous sommes tant aimés...
Souviens-toi,-toi qui fus mon amant, de nos heures divines, où le temps perdait tout son sens, où nos corps prenaient tout l'espace.
Oui, je t'ai tant aimé...
Jeu de hasard puis jeu de l'amour, vers toi, tu m'as attirée.
Invitée, tentée, charmée, puis séduite, jusqu'à toi, j'ai couru.
Dans tes regards, tes gestes, ton odeur, je perdis tout contrôle.
J'ignorais alors dans quel tourbillon délicieux, ma vie allait basculer.
Oui, tu m'as tant aimée...
Passionné, romantique, libertin suffocant de désir, tu devins tour à tour Ulysse, Tristan et Cupidon.
Entre trouble et émoi, dans tes yeux je voyais ma beauté, sans fin, renaitre.
Telle une source qui a soif, tel un champ qui excite les fleurs, je me perdais dans l'étreinte de nos êtres.
Et puis...
Et puis, se dissimulant habilement, un poison insidieux se glissa entre nous. Nous n'osâmes le nommer.
Le silence, la distance, l'abandon s'abattirent sur nous, sans y être invités, tel un orage d'été.
Alors...
Alors, aujourd'hui et si tu le veux bien, revêtons chacun ce voile...
Au-delà de l'amour qui fut, de la sensualité perdue et de nos regards désormais étrangers, je t'offrirai mes lèvres.
Lèvres livides, lèvres figées, mais aussi lèvres qui pleurent et se souviennent.