Je sentis une onde glacée courir sur ma nuque, mon front perlait , un après-midi pluvieux, j’étais au milieu de ces convives dont je ne connaissais que la maîtresse de maison. Nous étions quatre à table, deux hommes et deux femmes. A ma droite, un homme plutôt joufflu, bien en chai, respirant la joie de vivre et surtout le bien manger vu la taille de son estomac sous son gilet très seyant. Il parlait fort pour que tout le monde l’écoute, mais il parlait que de banalités, la météo semblait le préoccuper plus que tout. A ma gauche, cet autre homme plutôt maigre, avec un gros nez et de petits yeux porcins n’était pas très bavard. Il semblait timide et réservé. Il avait l’air de s’ennuyer tout autant que moi à ce repas en ce jour pluvieux. La femme en face de moi était de forte carrure, elle était l’épouse du gros joufflu.Ca bijouterie bringuebalait dans tous les sens, voulant montrer qu’elle était assez matérialiste. Elle portait une espèce de robe à grosses fleurs qui n’arrangeait en rien sa ligne, mais la grossissait plus qu’autre chose. Elle parlait fort aussi et cela faisait un tintamarre qui ne me permettait pas d’en placer une. La maitresse de maison quant à elle était très élégante avec une jupe courte et un petit corsage très seyant. Les victuailles défilaient pendant que tout le monde parlait et y allait de ses bons mots, mais tout cela n’avait rien d’intéressant. Les mets étaient délicieux, mais je dois vous avouer qu’à part déjeuner, je m’ennuyait ferme et les conversations étaient inintéressantes. Tout le monde parlait fort, même l’homme timide y mettait son grain de sel, mais paraissait totalement en décalage avec le reste des convives. Arrivés au dessert, tout le monde fit des compliments à la maitresse de maison, son dessert était délicieux. Il me tardait d’arriver au café et de partir tellement ce repas m’ennuyait et ce tintamarre m’abrutissait plus que tout. Le monsieur joufflu n’en pouvait plus de sortir sa science qui ma foi était bien piètre à côté de ma culture. Le café et le pousse-café arrivèrent enfin, et le déjeuner toucha à sa fin, chacun y allant de commentaires sur le déjeuner. Une chose est sûre, J’aime l'humanité, mais, à ma grande surprise, plus j'aime l'humanité en général, moins j'aime les gens en particulier, comme individus. J'ai plus d'une fois rêvé passionnément de servir l'humanité, et peut être fussé-je vraiment monté au calvaire pour mes semblables, s'il l'avait fallu, alors que je ne puis vivre avec personne deux jours de suite dans la même chambre, je le sais par expérience.