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Anne arqua un sourcil d’étonnement et d’inquiétude ; que faisait –elle ici, seule dans une pièce dont un petit rayon de lumière transgressait les barreaux rouillés de la fenêtre poussiéreuse ? Elle se perdit en conjectures mais la seule chose qu’elle comprit c’est qu’elle était  prisonnière. Elle suffoquait dans cette « chambre » affalée sur un lit assez douillet ;  la chaleur de juillet arrosait les murs du bâtiment qui semblait bien isolé puisque aucun bruit ne parvenait à ses oreilles. Elle regarda tout autour d’elle. Elle vit une table basse branlante sur lequel un plateau garni de fruits et de thé glacé défiait toutes les lois de la pesanteur. Machinalement elle croqua une datte onctueuse et sucrée, puis un abricot doré, but avec plaisir une tasse de thé et la mémoire lui revint.

Accablée par la chaleur, elle avait décidé d’aller dans le petit parc merveilleusement ombragé derrière la cathédrale Sainte Catherine. Un véritable oasis de tranquillité où quelques personnes du troisième âge viennent prendre l’air et discuter de leur jeunesse enfuie. Parfois quelques jeunes enfants surveillés par les nounous jouent au ballon et se chamaillent pour une balançoire. Anne s’installa sur un banc, près de la fontaine aux oiseaux la bien nommée puisque les mésanges viennent se désaltérer et voisinent les  tourterelles  qui roucoulent sur la statue en  bronze représentant des enfants s’embrassant chastement. A peine installée, elle fut abordée  par un individu qui cherchait son petit chien et lui demanda de l’aide. Sans vraiment caché son agacement, elle se dirigea vers le petit buisson épineux et …se retrouva aspirée par deux bras puissants, un sac en toile sur la tête et embarquée à l’arrière d’une voiture ; on lui fit boire de l’eau un peu amère et elle s’endormit. Voilà elle était là maintenant. Qu’elle était niaise alors d’avoir marché dans un combine pareille ; une gamine ; où étaient les principes de prudence qu’elle avait rabâchés pendant des années à ses filles.

Courageusement, elle se dirigea vers la porte : surprise elle n’était pas fermée et elle avançant doucement elle pénétra dans un local : vision d’apocalypse. Un fatras innommable s’étendait sous ses yeux : des livres, des dictionnaires, des ramettes et des rouleaux de papier en tout genre. Plus loin, une vielle cafetière électrique réchauffait un ersatz café et  un paquet de cigarettes entamé traînait.  Et puis dans un recoin un petit bureau couvert de crayons, de stylos, d’encrier colorés. Anne se dit qu’il y avait bien longtemps qu’elle n’écrivait plus. Elle avait comme  un exutoire remplit des pages et des pages de mots. Elle se baissa pour ramasser  un livre qui gisait par terre jeta un œil sur le titre « Sciences occultes » ; aucun intérêt pour elle.

Soudain, elle entendit résonner une voix :

-        vous êtes notre otage, tant que vous n’aurez pas écrit un ouvrage qui explique pourquoi le Petit Chaperon rouge n’a pas pu être mangée par le loup puisqu’elle s’est mariée avec Petit Pierre, vous ne sortirez pas d’ici. Vous donnez-nous des  mots à placer dans des textes et nous n’y arrivons pas…Eh bien débrouillez-vous !

 

Tag(s) : #Textes des auteurs
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