Il m’a semblé passé
mon temps sur cette terre
comme l’espace d’un éclair
comme un siècle étiré.
Les rires qui me reviennent
dans le silence des soirs
emplissent ma mémoire
de rires qui me surprennent.
les joies que je rappelle,
les peines en contre-jour,
de la fin des amours
à un jeu de marelle.
Tandis que doucement
je quitte le rivage
ressuscitent les visages
de tendres et vieux amants.
Sur ma chair fanée
reverdit la fraicheur
de promesses d’ardeur,
de baisers oubliés.
Amis, parents, enfants,
tous en moi s’entremêlent
tel le goût d’un bon vin
et un vol d’hirondelle
le parfum d’un printemps
un flocon sur le nez
un tableau de Monet
Une cantate de Chopin.
Tant de luttes et d’espoirs
ont parsemés ma vie
du soleil à la pluie
du matin jusqu’au soir.
Je serre sur mon sein
en une égale étreinte
les chagrins et les craintes
et mes bonheurs sereins.
Je ne regrette rien
ni le blanc ni le noir
je m’en vais juste voir
derrière, un peu plus loin...