I : cendre- panache- embraser- vaseux- sein- effeuiller- menacer- vermeil- couronner- latrines- joug- tourelle.
" Ils m'aiment---un peu, beaucoup, passionnément, à la folie---pas du tout. "
Les pétales blanches de la marguerite (effeuillée) tombent une à une, lentement.
Douloureusement glissent les larmes de la solitude enfantine.
- Lana ! Lana !
Du haut de la (tourelle), la fillette contemple l'étendue de la propriété qui s'étale à perte de vue.
Malgré les nombreuses années, le château familiale a su garder tout son (panache).
L'entretient de ce cite historique a exigé des soins de chaque instant, accaparent les parents admiratifs et amoureux de cet édifice ancestral.
- Lana ! Es-tu avec Jimy ?
La petite s'accroupit derrière le mur épais, manteau rocailleux de son silence, de son terrible secret.
Elle s'assied les mains sur les oreilles, perdu au (sein) d'interrogations confuses.
Le front fripé par le tourment, les lèvres pincées.
" Est-ce cruel pour lui ?
Est-ce injuste pour moi ?
Qui est responsable ? "
Durant toute la réception elle était restée assise sur une balançoire, morose, sans aucune attention de ses parents.
Peu à peu, le parc s'était transformé en un gigantesque théâtre où paradaient délégantes robes parées de bijoux scintillants, accompagné de smokings mi souriant, mi sérieux.
Des phrases lui parvenaient parfumée des différents passages féminins.
- Vous devez être fière de vous ? Enfin votre travail honoré par l'Etat !
- Et (couronné) d'une récompense financière non négligeable !
- Vraiment, on vous admire !
Vous parvenez à trouver le temps de restaurer cette fabuleuse demeure.
De programmer des visites guidées.
Et surtout, de vous occuper de votre charmante petite fille, Lana.
- Sept ans ce n'est pas un âge facile. La notre est tellement turbulente, têtue et exigeante.
Depuis la naissance de son frère, je suis vraiment épuisée. Jimy n'a que trois ans mais c'est tout le contraire de Marina, il est a-do-ra-ble !
- Ma chère, ce cocktail est majestueux !
- Mes félicitations, votre parc est magnifiquement agencé !
Lasse de tant déloges, Lana délaissa la balançoire précipitamment assailli par trois enfants chamailleurs.
C'est en passant prés des tables somptueusement garni de mets raffinés, qu'elle croisa Jimy.
Le petit blondinet, les yeux pétillant de gourmandise, restait figé devant un fabuleux plat de friandises multicolores.
Lana le rejoint. Elle plongea une main dans le large plat de porcelaine et en ressortit une pleine poignée.
Tout en souriant au petit, elle lui fit signe de la suivre.
Après avoir longé le château, les deux enfants coururent vers le sous bois.
Ainsi s'éloignaient-ils du monde bruyant des adultes superficiels, pour pénétrer le monde trouble et impitoyable de l'enfance.
Tout en écartant et en enjambant des branchages, Lana tenait la main de Jimy qui réclamait des bonbons.
Plus ils s'enfonçaient dans la forêt, plus le petit ralentissait trainant le pas jusqu'à s'arrêter.
- J'ai peur---
- On joue à la cachette !
- Non ! Je veux voir maman.
- C'est justement ça le jeux ! Ta maman va venir te chercher.
Il promena un regard méfiant sur les hauts arbres feuillus, le cœur battant aux bruissements et aux cris des oiseaux.
Se raccrochant au bras de la fillette.
- J'ai peur---
Lana s'agenouilla devant lui, sourit en lui caressant la joue.
- Des que tu seras caché, je te donnerais "tout" les bonbons !
- Oui ! Oui !
Brilla de nouveau la gourmandise dans les yeux mouillés de Jimy.
Ils reprirent leur marche contournant un petit étang (vaseux.) Et arrivèrent enfin devant une chapelle en pierres recouverte de feuillages grimpants.
La grille était ouverte.
Silencieusement, ils pénétrèrent à l'intérieure.
Il y avait juste la place d'un cercueil. L'espace à peine éclairé de trois grosses bougies fixé dans des creux des murs.
Lana ramassa une télé commande et appuya sur un bouton noir. Le couvercle du cercueil se souleva en grinçant.
- Monte et allonge toi.
Résonna la voix fluette.
Jimy leva vers elle son doux visage soucieux.
La fillette sorti de sa poche la poignée de bonbons.
Jimy enjamba le cercueil et se coucha dans la soie blanche.
Lana déposa les bonbons dans ses mains ouvertes et posa un doigt sur sa bouche.
- Chut ! A partir de maintenant plus un mot. Je vais chercher ta maman. Tu peux manger tout les bonbons. Et si tu es fatigué tu peux dormir.
Elle ajouta une lampe torche allumée aux pieds du petit.
Puis appuya de nouveau sur la bouton noir de la télé commande.
Le timide sourire aux yeux bleu du garçonnet, disparu lentement derrière le couvercle qui se rabattait sur le cercueil.
Lana appuya sur un autre bouton et le cercueil descendit doucement dans un profond---trou noir.
Elle glissa une planche sur le trou et y déposa des feuillages.
Puis sortit de la chapelle, tira la grille, tourna la clef du gros cadenas.
Elle regagna l'étang et y jeta la télé commande et la clef.
" Elle court la colère de la solitude. Elle gronde la rancœur de l'indifférence des adultes. Elle déchire la souffrance dans la fuite de Lana. "
C'est essoufflée quelle parvient jusqu'au château.
Se faufila discrètement à l'intérieur par une porte arrière. Pénétra dans une salle modestement meublée. Sortit de sa poche une boîte et craqua une allumette qu'elle lança sur la nappe qui s'enflamma. Brula la table en bois près de la fenêtre (embrasant) les rideaux, se répandant aux tentures, éclatant la fenêtre.
Lana se précipita par une autre porte voutée donnant sur un escalier étroit, pour se réfugier tout en haut du château et se cacher dans la tourelle.
- Au feu ! Au feu !
- Les (latrines) brule !
Bousculades, cris, affolement.
La pompe d'urgence, l'eau coulant à flot.
L'entraide, le calme, la stupeur des dégâts.
Les enfants furent rassemblé à l'écart, sous l'imposant marronnier. Certains pleuraient, d'autres paniqués ne quittaient plus la main ou le bras de leur mamans.
- Lana ! Lana !
La fillette fut retrouvée en haut de la tourelle, prostrée, muette, tremblante et en larmes.
- Jimy ! Où est mon fils !
Ce jour là, jusqu'à la nuit tombée et pendant des semaines les recherches restèrent vaines.
La maman de Jimy fit une dépression et fut hospitalisée pour une tentative de suicide, se reprochant son inattention et donc la disparition de son adorable petit garçon.
Lana ne prononça plus un mot depuis ce drame accablant.
Ses parents quittèrent le château, préférant consacrer tout leur temps et leur amour à leur fille unique, plutôt que de rester sous le (joug) de leur égoïsme.
Alors que les (cendres) des latrines s'envolaient enveloppant le château maudit.
Les lourdes grilles (menaçantes) se refermèrent sur un coucher de soleil aussi (vermeil), que le sang s'écoulant dans le corps d'un petit garçon de trois ans, endormit---à jamais.
II : larve- chair- servile- frisson- alanguir- fontaine- jouet- frêle
Les années passèrent.
Malheureusement, les parents de Lana eurent un horrible accident de voiture et périrent brulés vifs.
La gendarmerie ne retrouva jamais la Porche rouge qui avait percuté leur véhicule.
Lana était déjà une (frêle) personne (alanguit) par une (servile) mélancolie maladive.
Ses nuits se remplissaient de cauchemars où des (larves), fantômes aux (chairs) sanguinolentes, venaient lui enlever son unique raison de vivre, Aubin.
Malgré son mutisme, elle s'était mariée avec Maxime. Ce dernier l'adorait et la comblait de cadeaux, sans pourtant parvenir à lui rendre le sourire.
La seule préoccupation de Lana était son petit garçon de trois ans, Aubin.
Extrêmement prévenante, elle avait grillagé la jolie (fontaine) aux dauphins en jet d'eau.
Le jardin n'étant pas très grand, ça lui permettait de tout cadrer en un battement de paupière.
Elle inspectait sans cesse les dix pièces de la maison, aux multiples alarmes.
Elle se méfiait des gens qui l'entouraient et plus encore des enfants plus âgés que son fils.
Elle était devenu le (jouet) d'une peur incontrôlable, terrifiante, mystérieuse.
Par une nuit d'orage, de fulgurants éclairs s'abattirent sur la demeure sectionnant des câbles électriques.
Alors que son cri de mère meurtri retentissait dans toute la maison.
Maxime s'était précipité dans la chambre de l'enfant, mais celui çi avait disparu.
Maxime avait beau lire et relire la feuille de papier trouvé dans le petit lit, sans doute du kidnappeur, il n'en comprenait pas le moindre sens.
" Rendez-vous à la chapelle. "
Parcouru de (frissons) incontrôlables, Lana était anéanti, hurlant son désarroi.
- Pitié ! Rendez moi mon enfant !
Pardon ! Pardon ! Pardon !
Répétait-elle inlassablement.
Des que Maxime se fut précipité au poste de police, Lana dévala l'escalier du perron, s'engouffra dans la voiture et s'élança sur la route à vive allure.
Son fils était en danger et elle seule pouvait le sauver !
Elle ne s'arrêta pas devant les hautes grilles du château de ses parents, car celles çi étaient déjà grande ouverte.
Apparemment elle était attendu.
Elle freina juste à côté de la Porche rouge, celle qui était sans doute à l'origine de l'accident meurtrier de ses parents.
Elle sortit en hâte du véhicule. Sans fermer la portière elle s'élança en direction du sous bois.
Il fessait nuit, mais à travers les branches des arbres la pleine lune éclairait ses pas.
Après avoir contourné l'étang vaseux, elle vit apparaitre la chapelle.
- Pardon, pardon, pardon---
Sanglotait-elle.
Alors qu'elle passait le seuil, deux mains la projetèrent en arrière avec force.
Etalée par terre, elle distingua dans l'embrassure, une jeune femme blonde pas plus âgée qu'elle.
- Tu sais qui je suis et pourquoi je suis là ?
- ---
- Je m'appelle Marina, je suis la sœur aînée de Jimy !
- Attend, je vais t'expli---
- Stop !
Je ne veux pas d'explication. Durant toutes ces années, je t'ai épié et ma haine a grandi avec ton fils.
Mon petit frère réclame vengeance et aujourd'hui, je lui fais cadeau de ton enfant !
- Non !
Lana se leva et se jeta sur Marina avec la rage du désespoir.
- Tu as tué mes parents !
- Tu as tué mon frère !
- Je n'étais qu'une enfant---
Marina parvient à la repousser au sol et lui asséna des coups de pieds au ventre et dans le dos.
Lana ne bougea plus, plié en deux.
Marina s'approcha prudemment, s'accroupit. Et avant qu'elle puisse réagir, Lana la frappa de plusieurs coups de limes à ongles en métal, dans la poitrine.
Dans la hâte, c'est le seul objet qu'elle avait emporté pensant ouvrir avec le cadenas de la chapelle.
Le sang s'étalait sur le chemisier de Marina, paralysée par la douleur.
- C'est---trop tard--- pour lui---
Lana sauta dans le trou qui en fait n'était pas si profond.
Elle tira de toutes ses forces sur une planche du couvercle du cercueil.
Ses mains arrachées saignaient. Elle parvient à écarter la planche et arracha la soie blanche.
- Aubin !
Son fils semblait dormir au côté du squelette de Jimy, des bonbons, de la torche, des souvenirs .
Elle posa son oreille sur sa poitrine et entendit les faibles battements de son cœur.
Entre rire et larmes, elle le serra tendrement dans ses bras.
- Merci mon Dieu, merci---
" Un voile trouble se pose sur l'enfance et sa fragilité émotionnelle confond le bien et le mal.
Pauvre pantin d'une négligence affective qu'il ne saurait se pardonner.
Est-ce cruel pour lui ?
Est-ce injuste pour moi ?
Qui est responsable ? "