Quand je l'aperçus, je fus conquis. On m'a dit qu'elle est , l'avant dernière , d'une famille étrangère dont la plus grande est une... de douze et la toute dernière , une de ... deux. Charmé , séduit , je la saisis , après, l'avoir scrutée ,minutieusement , je la levai, la palpai , et finalement, je l'acquis... Depuis , tous les matins, elle trône sur la gazinière, altière. Il faut dire: elle est belle mon italienne. Elle n'est pas gourmande ma cafetière : trois tasses seulement : cela me convient et me comble...Chaque matin, avant même de me laver, je l'alimente, en l'eau et en poudre café , je la pose , ensuite délicatement sur le " petit feu'' de la cuisinière. Patient , je la fixe .Mon imagination féconde , déborde... Bien que le temps et l'usage aient grisé son corps d'aluminium, un corps à la forme singulière; à cet instant, je crois , la percevoir, coiffée d'un large chapeau vietnamien , acéphale statue, au corps divin qui rendrait jaloux , celle de Milo , parfois au gré des minutes ,elle m'apparaît en caryatide, Aphrodite statufiée, portant haut et fièrement le bouclier d'un invincible guerrier Troyen... Mais le ronflement habituel , la montée rapide et bruyante des volutes blanchâtres, odorantes qui s'exhalent et viennent , très vite , fleurer tout l'espace de la cuisine et chatouiller mes narines, me rament à ma réalité... et j' aperçois , alors que le bouclier de l'invincible guerrier Grec , n'était ,en fait , que le couvercle décagonal de la cafetière que surmonte le cimier noir. J'empoigne l'anse noire et ergonomique , me verse un findjel de café noir, à arôme suave et pénétrant... C'est à ce moment là que j'éprouve pour mon italienne, une dilection sans borne