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Frédérique - Lettre au Père Noël

 

Mon très cher Père Noël,

 

J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans. D’ailleurs je ne suis pas loin d’avoir cet âge canonique. Si si. Et l’âge, ça pèse un peu sur les idées et les sentiments, si tu vois ce que je veux dire. Bon. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, mais je ne sais pas par quel bout commencer. Ce que j’ai à te dire n’est pas particulièrement agréable, aussi dur à dire qu’à lire, j’imagine.

Tellement d’années passées à t’attendre. Là, au coin de la cheminée, à compter les heures en guettant le moindre tintement de clochette, le moindre bruissement suspect qui annoncerait ton retour. Tant d’heures passées à t’attendre, ça use. J’ai fini par me lasser. Et oui ! Je ne te demandais pas grand-chose. Te voir, cette nuit-là, au moins une fois. Embrasser tes bonnes joues bien rouges et t’entendre me faire « hohoho » à l’oreille, rien que pour moi. Te voir sortir de ta hotte-sur-le-dos le plus beau, le plus merveilleux des cadeaux, un que tu m’aurais gardé… Je te parais un peu égoïste, je sais, il n’y a pas que moi sur terre. Mais quand même. C’est dur tu sais de rester seule un soir de Noël. D’avaler un bouillon chaud en pensant à des jours meilleurs, au soleil. De ressasser en boucle quelques souvenirs du vieux temps. Celui où, toute jeune, toute naïve encore, je rêvais de ton traineau traversant la nuit dans le ciel étoilé tandis que je m’endormais, confiante, sur mes deux oreilles. Le temps où je craignais que tu ne prennes froid, je t’avais même tricoté un manteau, tu te souviens ? Et bien, ce fut ma première déception : le manteau est resté suspendu au coin de la cheminée, tu n’y as pas touché. Et soudain j’ai douté de ta légendaire gentillesse.

Alors voilà, père Noël. J’aurais pu t’écrire, comme chaque année, pour te réclamer des choses que de toute façon tu ne m’apporterais pas. Comme par exemple un lave-vaisselle qui fonctionne, une étagère dans la salle de bain ou un réparateur pour la fuite sous l’évier.

Mais non. Je sais bien que ça ne sert plus à rien.

Non, en fait, tu l’as peut-être deviné, je t’écris pour te dire que je m’en vais. J’en ai plein le dos, de tes histoires à dormir debout, de tes contes pour enfants sages. Je n’y crois plus, à tes promesses en pain d’épice qui fondent comme neige au soleil sitôt l’hiver passé.

J’y vais, justement, au soleil. Finis, les glaçons. Finie, la neige. Finis, les rennes qu’il faut bichonner et engraisser toute l’année pour le grand jour.

Je ne crois plus en toi, Petit Papa Noël !

Adieu, prends soin de toi, il faudra bien te couvrir.

 

Mère Noël.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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