La Joconde a son sourire.
Les clés ont leurs mots.
Mais la boite à sardines ?
Imaginez.
La sardine, dans des temps reculés, a eu son heure de gloire. Savez-vous qu'elle fut considérée comme un produit de luxe ? Eh bien, oui… A une époque, les snobs s'arrachaient les boites à sardines ! Véridique. Mais, avec la première Guerre mondiale, Madame Sardine s'est démocratisée, remplaçant le corned-beef dans les tranchées ! Son image s'est alors dégradée (pour rappel la Sardine qui a bouché le port de Marseille…. or tout Marseillais sait très bien que la Sardine n'était autre qu'un bateau…)…
La Joconde a son sourire.
Les clés ont leurs mots.
La boite à sardine a donc sa fierté.
Et si vous mélangez ces trois éléments à coup de colorations et de demi-teintes sur une toile, un peu de sombre et d'effets de lumière pour la Joconde, un peu d'argent ou d'or pour les clés, et du gris luisant pour la sardine, vous obtiendrez l'histoire qui suit, que m'a révélée le tableau de Fernand Léger …
Mystérieux et insondable, le demi-sourire équivoque de la Joconde fascine, ensorcelle, hypnotise. Fernand Léger aurait-il découvert le secret que Léonard de Vinci a caché dans le sourire de Mona Lisa ?
Léonard était un peintre qui recherchait la perfection. Il avait rencontré une jeune fille de 24 ans, d'origine modeste, Mona Lisa, une sorte de bohémienne traînant ses guenilles dans les rues de Florence. La première fois qu'il la vit, son cœur s'emballa. En effet, il crut reconnaître en elle sa défunte mère, à qui il avait toujours voué une passion démesurée. Ce sourire… comme suspendu et prêt à s'éteindre… si fragile et si attirant à la fois ! Si doux ! Et ce regard…
Frappé par la ressemblance entre sa mère et cette jeune fille, il accosta cette dernière et lui proposa de poser pour lui. Dans un premier temps la jeune fille refusa. Alors Léonard, dans un excès de confiance, lui remit les clés de son atelier, et lui proposa de s'y rendre lorsqu'elle se sentirait prête.
Il dut attendre des jours et des semaines avant que Mona Lisa ne se présente à sa porte. Comme elle ressemblait à sa défunte mère ! Il avait longtemps rêvé de faire un portrait de sa maman mais il avait abandonné l'idée lorsqu'il s'était rendu compte que les traits qu'il avait gardés en mémoire s'étaient estompés avec le temps… Et grâce à Mona Lisa, le regard de sa mère s'afficha à nouveau comme une évidence.
Léonard ne lui posa aucune question, ni sur elle, ni sur sa famille. Il était obsédé par son regard et par le choix des pinceaux et des pigments qu'il allait utiliser. Il ne distingua même pas la petite sacoche qu'elle portait toujours avec elle, ni ne sentit cette odeur iodée qui se mélangeait aux émanations de ses pigments. Il comprit bien plus tard, lorsqu'il la vit ouvrir sa sacoche et en sortir des sardines qu'elle dévorait lors des pauses que son art allait révolutionner le monde de la peinture à l'huile. Pour fixer les couleurs il n'utiliserait désormais plus que de l'huile de sardine tandis que ses confrères, eux, en seraient toujours à l'huile de lin. En broyant secrètement ses pigments en poudre avec l'huile de sardine, Léonard fit du tableau de la Joconde l'une des œuvres d'art la plus célèbre au monde. La particularité de ce tableau n'est donc pas dans le sourire énigmatique de son modèle mais dans l'utilisation de l'huile de sardine qui lui a permit de rendre une expression de visage plus pure par l'effet de lumière, par le jeu des ombres et des reflets.
C'est ainsi qu'en ville Mona s'afficha comme la Reine de la sardine et que l'énigme de son sourire fit tache d'huile…
La Joconde a son sourire.
Les clés ont leurs mots.
La boite à sardine a donc son secret.