" Au clair de la lune, mon ami---
Prête moi ta clé pour ouvrir la porte.
Enfin m'envoler, donne moi la force.
Prête moi ta clé, pour l'amour de--- "
Un ami ou une amie, non, Maiguie na personne.
Plus personne pour l'écouter chanter, la regarder danser, consoler ses tourments, simplement---l'aimer.
Depuis que sa gentille maman a sombré dans la dépression, en même temps que dans l'alcool.
La douce enfant à fermé son coeur, perdant l'envie d'avoir envie de la moindre distraction.
Alors que sa mère, en cure de désintoxication soigne son mal être dans une luxueuse clinique.
La fragile fillette dépérit, dans une famille d'accueil très honorable.
C'est un juge pour la protection des mineurs qui a décidé le placement, d'urgence, par les services sociaux.
Maiguie a peur de tout ces adultes, qui rouspètent tout le temps et l'observent à la dérobé.
Perturbée par la tragique séparation, timidement elle pose sans cesse les mêmes questions, qui restent sans réponse.
- Quand est-ce que je rentre chez moi ?
- Où est maman ?
- Qui s'occupe de mon chien ?
- Maman est-elle gravement malade ?
- Qui va donner à manger au poisson ?
- Je peux téléphoner à maman ?
- Est-ce que je retrouverais mes jouets ?
- Je peux aller voir maman ?
Ses regards implorants indiffère. Ses interminables bouderies et ses violents élans de révolte, force l'impatience et la colère du couple qui en a la garde.
Ces gens ont un garçon de quinze ans. Un fils unique, lasse de partager ses parents avec des enfants de passage.
Petits et grands, calmes et caractériels, il ne supporte plus la cohabitation avec tout ces intrus.
Froideur pointé de jalousie et d'arrogance, il règne en maître des lieux. Quoi de plus normal puisqu'il est " chez lui! "
Etrangement, Maiguie ne le craint pas, son autorité n'affecte pas sa frêle personne.
Lorsqu'il l'apostrophe, elle le toise du haut de ses huit ans d'innocence. Ses yeux bleu d'une transparence mystérieuse traverse l'âme qui ose la défier.
Ce n'est que lorsqu'on la force, pour son bien être, à manger un peu plus que des compotes et boire de l'eau, quelle réagit furieusement. Poussant des hurlements et se débattant tel un animal aux abois.
Très choqué et déstabilisé, la famille d'accueil s'oppose énergiquement plutôt que de la rassurer.
Qui peut entendre et comprendre, qu'en refusant de s'alimenter, Maiguie rejette catégoriquement le monde des adultes.
Parce qu'elle pense tout simplement, que garder son estomac vide laisse plus de place aux précieux souvenirs de sa maman.
Mais son coeur écorché, pleure toutes les nuits.
" Ne me touchez pas !
Je ne vous entend pas.
Je vous regarde sans vous voir !
Je ne vous donnerais plus mes mots,qu'ils se perdent dans mon silence.
Maman a égaré la clé de notre bonheur et je ne parviens plus à ouvrir--- la porte de son coeur. "
Même la pédo psychiatre ne réussi plus à rentrer en contact avec ce petit fantôme, névrosé, dit-elle lamentablement.
Les mois passent lentement, péniblement, solitairement.
Et puis un jour, discrètement, l'enfant émerge de son mutisme, prêtant l'oreille aux cliquetis des touches du clavier de l'ordinateur.
Son coeur assoupit, à nouveau bat au même rhytme, tout son petit être espère---s'envole.
Pour éloigner la fillette de son inestimable instrument de travail, et croyant l'effrayer, le fils unique lui explique.
- Si tu cliques sur la manette lorsque l'appareil est en veille, la moitié de ton corps disparait. Si c'est un jour de pleine lune, tu disparais complètement !
Maiguie baisse la tête, tourne les talons, sourit, elle a enfin trouvé la clé.
Pour l'amour de---
Elle ne sait plus, l'amour de qui ? Pour qui ? Elle est si seule, abandonnée, douloureusement implosée.
Chaque soir, quand survient la nuit, telle une sentinelle elle monte la garde, de fenêtre en fenêtre.
Elle na plus qu'une pensée, surprendre la lune. La voir se transformer, s'arrondir, comme le ventre de sa tendre maman lorsqu'elle n'était encore qu'un foetus.
Et soudain, elle est la! Lumineuse dans l'immensité du ciel bleu noir.
L'éclatante lune, pleine de sa rondeur d'amour maternel.
Des larmes glissent sur les joues creuses de Maiguie.
Est-ce la joie de partir, enfin ? Ou la peine de ne pas rester, encore un peu ?
Tous ont remarqué ses allées et venues, de fenêtre en fenêtre. Mais ils préfèrent cette silencieuse lubie aux crises hystéries d'avant. Ils choisissent de la laisser tranquillement rêver.
Un soir, Maiguie s'aventure courageusement dans le bureau. L'ordinateur éclaire la pièce. Des bulles transparentes dansent légèrement sur l'écran en veille.
Elle approche, tend la main.
Un sourire heureux se dessine sur ses lèvres pâles, lorsque du bout des doigts elle sent la manette.
Brusquement, une lumière jaillit dans le couloir.
Le fils unique fronce les sourcils, de colère. Il se précipite et avant d'atteindre la porte, un éclair blanc envahit la pièce.
Puis, plus rien.
Il allume la lampe du bureau. Personne! L'écran n'est plus en veille.
Apparait un champ rempli d'arbres fruitiers, de parcelles cultivées de légumes et de fleurs. Des animaux de la ferme folâtrent librement.
Un banc et une table en bois. Un puits, et plus loin une maisonnette en pierres blanches.
A la fenêtre il lui semble voir une main s'agiter.
Il s'approche, s'assied sur le fauteuil, avance son visage plus près de l'écran.
C'est une petite fille, au visage rond et rose, qui sourit joyeusement.
On croirait presque qu'elle ressemble à Maiguie, mais oui, sans aucun doute il reconnait la frimousse de l'enfant.
Les yeux écarquillés, il tend la main vers l'écran. Trop tard ! L'ordinateur s'éteint sur son désarroi.
" Prête moi ta clé, pour l'amour---de la liberté ! "
Mythe de la lune, magie de l'enfance, miracle de survie, tout se réalise---si on ose y croire.
J'allais oublier,
le soleil joue à cache cache dans les branches des arbres. Les oiseaux sifflotent.
Maiguie sort de la maisonnette et vient s'agenouiller sur l'herbe verte, pour se blottir câline, tout contre sa douce maman.
C'est pas commun de disparaitre dans un jeu virtuel, qu'en pensez-vous ?!