Lorsqu’elle était petite, on disait toujours à Christine qu’elle était « dans la lune. »
Elle restait des heures entières au bord du ruisseau à écouter l’eau couler.
De sa fenêtre, les soirs de pleine lune, elle regardait le ciel et se disait qu’elle aimerait être là-haut pour de vrai plutôt que sur cette terre où elle ne sentait pas très à l’aise.
Un soir, sa grand-mère la surprit et lui raconta les premiers pas de l’homme sur la lune quelques temps avant la naissance de Christine.
La petite fille se mit alors à dévorer tout ce qui avait trait à la lune. Elle lut Jules Verne notamment et les poètes mélancoliques nés sous le signe de la lune.
Christine semblait de plus en plus absente au monde, griffonnant des poèmes ésotériques dès qu’elle le pouvait.
Un matin, ses parents s’étonnèrent de ne pas la voir au petit déjeuner.
Affolés ils la cherchèrent partout.
Ce n’est qu’à la nuit tombée qu’ils virent la lune leur faire un sourire.
Comme quoi, les petites filles mal dans leur peau peuvent finir par réaliser leur rêve de passer de la terre à la lune.