Assise sur le bord du toit, je ne regarde pas en bas.
La simple idée me file le vertige.
J’aurai bien voulu essayer, voir ce qui s’est passé
mais rien vraiment ne m’y oblige
Je préfère fermer les yeux et voler au dessus de cette décharge sauvage
Oublier celles qui ont scandé 525 600 battements sur leur passage
« Souviens-toi » murmure l’illustre horloge « car de moi, à présent, tu dois faire l’éloge, laisse-toi donc bercer par ma pendule, je suis le fil du funambule »
Alors, je suis le fil, la voie devant, la voix du temps…
Une toute petite fête en famille pour se reposer de la ripaille ;
3 couronnes qui brillent à poser sur leurs cheveux en bataille ;
Des skis rapides avalent la poudreuse des pistes blanches.
Du sucre et du chocolat en rafale, près de 5 kg le dimanche ;
Dans le pré pointent les pissenlits : tondre de mai à septembre ;
On jette le cartable avec mépris dans un coin, très loin, dans la chambre.
Les valises sont prêtes dans l’entrée et trépignent avant l’envol.
Les soirées disco à peine terminées, il faut acheter des tubes de colle.
Les cartables sont pleins de cahiers et les têtes pleines de soleil.
Les rires d’enfant dans l’escalier heureux que leur père les réveille.
Et l’année sombre dans le noir, vite lutter contre le froid :
On sort les bonnets des armoires, il faudra faire rentrer du bois.
Assise sur le bord du toit, j’ai regardé en bas… La simple idée me donne le vertige.
J’ai voulu me pencher sur ce qui s’est passé sans que rien ne m’y oblige
J’aurai dû fermer les yeux et rester là…perdue… un peu… dans le déni
D’avoir laissé un an de ma vie.