Ils savaient qu’écrire, ce serait désormais s’aimer car ils n’avaient pas le droit de se côtoyer. Ils embrasseraient le papier comme ils brûlaient de s’embrasser, ils attendraient la distribution du courrier comme ils s’attendraient sur le quai d’une gare.
Les mots se bousculaient sous sa plume fiévreuse ; il ne savait plus écrire.
Les mots s’emmêlaient ; ses yeux ne savaient que l’horizon vide.
Souvenirs tendres, frôlements délicieux, promesses uniques.
Souvenirs chavirés, moments volés, ferveurs inoubliées.
Les autres surent ; honte bourgeoise, bienséance factice
Les autres condamnèrent ; silence et morale.
Les corps séparés, remords obligés,
Les corps orphelins, révolte des cœurs
Amour interdit, ne rien céder
Amour impossible, jamais nous ne l’abandonnerons.
Les mots s’emmêlaient ; ses yeux espéraient et disaient, Je t’aime.
Les mots se bousculaient sous sa plume fiévreuse ; écrivant toujours les mêmes, Je t’aime.