Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

 

« Aie ! Mes nattes ! »  L’oiseau fou avait encore frappé. Depuis quelques semaines, il ne se contentait plus de répéter tout ce qu’il entendait, il copiait aussi les gestes de la famille. Joe, le mainate, venait d’agripper les mèches maigrichonnes de Cécilia qui se mit aussitôt en chasse. « Tu vas retourner dans ta cage, oiseau de malheur ! ». Elle avait dit maintes et maintes fois à son petit frère d’arrêter de lui tirer les cheveux, mais l’oiseau, lui, ne comprenait rien. Il continuait à s'en prendre à sa chevelure, comme si cela l’amusait.

 

Perchée sur la vieille maie branlante de sa grand-tante, Cécilia agitait sa main droite pour déloger le mainate qui la narguait du haut de la poutre en bois. Comme il ne voulait pas bouger, elle ôta son  gilet en maille pour en faire un filet. « Tu vas finir empaillé» cria Cécilia en jetant son pull sur l’oiseau noir qui s’envola rapidement. « Tu vas finiiiirrrr empaillllléééééééé  ! »  Piailla-t-il en imitant Cécilia qui ne put s’empêcher de pouffer de rire devant la drôlerie de la bestiole. Elle n’arrivait plus à se maintenir en  équilibre, et manqua de chuter.

 

Elle se rattrapa au lampadaire pour éviter de tomber tandis que le mainate impertinent s’envolait à nouveau. Cécilia finit son vol plané accrochée au lustre et retomba sur le tapis, l’abat-jour en rotin accroché à son bras. « Ah zut, il va falloir que j’appelle la maintenance, maintenant ! »

 

 Joe, quant à lui, ricanait tant qu’il pouvait, insolent, perché sur la rambarde de l’escalier qui menait à l’étage de la vieille maison :

« Attrrrraaaaape-moi si tu peux ! » Cécilia se remit à sa poursuite, grimpant deux par deux les marches de bois, pensant le coincer dans le corridor. C’était sans compter avec la porte ouverte du bureau de son père, occupé à gérer ses affaires sur son ordinateur.

 

L’oiseau, astucieux et malin, s’engouffra dans la pièce, se posa sur le clavier et envoya d'un coup de bec le mailing en cours, au grand dam du commercial. Celui-ci, énervé d’avoir été ainsi dérangé, attrapa lestement le volatile, lui cloua le bec solidement et le renferma dans sa cage.

 

 Fort en colère d’être à nouveau derrière les barreaux, Joe répétait en boucle de sa voix perçante : « Aiiiieee mes naaaaattttes ! Tu vas finiiiirrrr empaillllléééééééé ! Appeeeeellllle la maintenance....»

 

Tag(s) : #Textes des auteurs
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :