Elle s'est penchée sur lui, a fermé d'un geste ses paupières
Passé un dernière fois la main dans ses cheveux
Suivi d'un doigt la forme de son visage par la mort devenu austère
Gravé dans sa mémoire la couleur de ses yeux gris bleus.
Elle a poussé sur son socle la belle pierre grise
Il disparaît de sa vie dans ce si triste grincement
Elle sent sur sa nuque la caresse de la brise
Elle frissonnera désormais pour toujours au souffle du vent.
Elle s'étend lentement sur la pierre comme pour dormir
Sa longue robe en dentelles l'enveloppe de langueur.
Les arbres majestueux tamisent la lumière, elle n'a plus de désir
Elle ne sent pas la chaleur du soleil, elle ne sent que la douleur et elle pleure
Sous ses doigts abandonnés se glisse un fin burin
La pierre dure et froide se réchauffe sous sa main
L'invite à créer, lui crie "arrête de pleurer,
Réfléchis aux mots que tu voudrais graver pour l'éternité."
Elle se redresse, les mots dansent dans sa tête,
Lesquels choisir, elle avait tant de choses à lui dire
De son âme blessée, monte ce refrain qu'elle chantait à tue-tête
Les mots si souvent murmurés jaillissent dans un soupir:
"Mon amour je t'aime à jamais"