Te souviens-tu de moi, de moi et de ce jouet ; jouet électronique. A l’époque, c’était une nouveauté. J’avais huit ans.
Ce jouet, je l’avais adopté, tout de suite. Plus rien n’existait que lui. Je passais des heures entières, moments de pur bonheur, pendant lesquels je m’évadais. Il était à moi, il faisait partie de moi. Je le dominais, instants magiques où tout le reste disparaissait
Qu’importe alors tes cris, ton indifférence.
Tout s’effaçait enfin ; l’inconfort, me sentir mal-aimé, tous ces sentiments s’endormaient.
Te souviens-tu de ce jour, le linge que tu avais repassé, il y en avait une montagne, et posé sur une table La pièce n’était pas grande. Je tournais autour de la table. Du linge tombait, que tu ramassais. Le manège dura quelque temps.
A la fin, tu t’impatientas. Comme je n’arrêtais pas, tu me menaças…
Et tu mis ta menace à exécution, jetant le jeu par la fenêtre. Nous habitions au quatrième étage. Il gisait dans la neige.
Je me révoltais. Le jouet, mon compagnon était cassé. Avec sa destruction s’enfuyait la joie.
Pourquoi, pourquoi avais-tu fait ça ?
Oh, si aujourd’hui, devenu adulte, je peux te comprendre, il n’en reste pas moins que ce geste violent envers l’enfant que j’étais, a toujours gardé ce goût amer de l’injustice et de la trahison.
En ces périodes de fête, où chacun cherche à donner du rêve à l’autre, mon plaisir s’absente souvent, faisant place à ce souvenir.
Ton fils, qui a toujours envie d’être aimé.