« Quand je fais de la purée mousseline, je suis sûre que tout le monde en reprend. »
Non, pas moi ; mais m'envelopper dans ce tissu arachnéen, léger comme une plume, être princesse des mille et une nuits ; danser la Danse des sept voiles, parée d'écharpes multicolores ; ressembler à un papillon.
M'envoler, telle une libellule, ailes diaphanes, me poser légèrement dans le creux douillet d'un nuage de coton ; accrocher des étoiles à l'arc en ciel magnifique.
Revenir sur terre ; me transformer en élégante, robe à volants, se soulevant doucement lors de mes déplacements ; protéger mes épaules d'un châle aérien et, coquette, le laisser glisser négligemment, dévoilant une courbe flatteuse.
Mousseline, tu viens de Mossoul, tu es faite de fils de coton, soie ou laine.
Tu peux être vêtements ou rideaux.
Tu es transparente, souple.
Tu épouses mon corps, tu le séduis. Tu es ma seconde peau.
Silencieuse, comme toi, je me déplace. Je sens l'air vibrer autour de moi. Je suis légère, légèrement vêtue. Mes pieds ne touchent plus terre. Je virevolte. Je m'admire, heureuse et insouciante. Mon image flatteuse s'attache au miroir. Je ne m'en lasse pas, faisant voler cette étoffe merveilleuse, qui embellit tout ce qu'elle touche.
Mousseline, mousseuse, mousse…
Quitter ce vêtement, remettre la tenue de tous les jours. Uniforme de gendarmette, contrôle de papiers, surveillance, vols, délits en tous genres…
Dimanche prochain, Mousseline, je serai au rendez-vous. Toi et moi. Moi, habillée de toi. Toi, magnifique, m'enveloppant.