Richesses et subtilités de cette langue française.
Ces mots qui roulent sous notre langue, qui façonnent notre palais.
Ces mots que nous suçons comme des bonbons, gardons enfouis dans notre gorge.
Mots d'aujourd'hui, d'hier ou de demain.
Mots d'aventures, de découvertes ou d'histoires.
Mots inventés, déformés, prisonniers, colonisés, modernisés
Mots pour rire.
Mots pour embrasser.
Mots pour soigner et consoler.
Mots pour pleurer, pour oublier
Mots qui chantent et qui dansent.
Mots qui sentent mauvais, qui torturent.
Mots pour raconter, souffrir et s'indigner
De tous ces mots, nous sommes faits, nous avons connu, grandi, porté, chanté, félicité.
Mais peut-on, comme cela m'arrive parfois, leur préférer des mots étrangers ?
Lorsque je mange du persil, je pense « Petersilie », que je trouve plus joli.
Dans « Heimweh », il y a pour moi, plus de nostalgie que dans l'expression le mal du pays.
Le mirage allemand (pas l'avion),« Fata Morgana » m'offre une image tellement plus poétique du désert.
Je pourrais énumérer, comme cela, nombre de mots qui me séduisent plus dans d'autres langues.
Mais revenons au français, si charmant.
J'aime y découvrir les traces de son passé turbulent, fait de voyages, de migrations, d'occupations ennemies, de conquêtes, pas toujours glorieuses ou honorables.
Ces mots qui me font partir en excursion dans le passé. Ces mots qui m'interpellent et racontent. Ces mots avec lesquels j'ouvre les malles oubliées des souvenirs. Ces mots auxquels je m'accroche pour imaginer l'improbable.
Mots-ventres.
Mots qui entrent
Ou sortent.
Errent sans but.
Jetés au rebut.
Mots perdus,
Qui ne plaisent plus.
Mots qui rebondissent,
Et jamais ne finissent.
Les chercher, les gratter
Et, sous leurs peaux soulevées,
Le mot de la fin, trouver.
Richesses et subtilités du pouvoir des mots.