La mer attend la vague
la vague attend le vent
et le vent la tempête
qui, elle, prend son temps.
Le bateau prit la mer
la vague le berça
mais un coup de tempête
un jour le renversa.
La tempête cessa
et le vent la suivit
sur l'eau on n'entendit
plus qu'un doux clapotis.
Que cachent ces murmures
venant des sombres nuits
ne serait-ce la voix
des marins engloutis ?
O mer aux cheveux gris
nul ne connaît ton âge
mais je sais que tu vis
tant et tant de naufrages !
Quand le marin, pensif
accroché à sa barque
ne craint plus les récifs
et dort au fond de l'eau :
il rêve des beaux jours
où le flot déchaîné
viendra en son séjour
compagnie lui donner.
La mer attend la vague
et veille sur le port
bien avant que la drague
ne retrouve ses morts...
C'est une vieille dame
berçant son naufragé
tout au creux de ses lames
sans peur de l'éveiller.