L'enfant né sous X
n'a plus de repaires
et plus de points fixes
dans la vie, il erre
petite âme en peine
de foyer en foyer
de père en père
et de mère en mère
qui ne sont pas les siens.
L'enfant né sous X
ne sait rien des câlins
ni de la douce chaleur
qu'apporte le sein
maternel ; c'est en vain
qu'il attendra l'heure
du tout premier sourire
du tout premier baiser
et des tendres berceuses
qui font l'enfance heureuse !
Toute sa vie il y songera
toute sa vie il attendra
l'instant des retrouvailles
et ce rêve le tiendra
comme une tenaille
partout, où qu'il aille
partout, le poursuivra
partout, l'obsèdera
partout
et à tout âge de sa vie.
Pauvre petit être
né sous X
tu n'as pas demandé à naître
mais tu restes là
seul
accoudé au mur
le regard si vague
toi dont les yeux d'azur
sont couleur de la vague
qui semble te faire un signe
pour t'emporter au loin
sur ses joyeux roulis !
Tes yeux
si bleus si tristes
attendant en vain
deux bras
où te blottir
une voix
pour te rassurer
un corps
pour te réchauffer
un coeur
pour t'aimer :
le coeur d'une maman
que tu ne connais pas
et que tu ne connaîtras
sans doute jamais.
Alors tu fermes les yeux
tes jolis yeux si bleus
et tu pleures doucement
mais personne ne t'entend
à cause justement
du murmure de la vague
et de ses gais clapotis.
Et tu pleures en silence
comme font les enfants
tous les enfants de France
qui ne diront jamais
"maman, je t'aime" !
Quand tes larmes seront taries
va rejoindre ton amie
la vague :
Vois, déjà, là-bas
elle te sourit...