Il décidait de passer de l'autre côté du miroir mais il ne connaît pas ces mots qui pourraient délivrer son âme et faire s'envoler sa douleur. Il ne connaissait que ces deux mots murmurés entre deux baisers, volés aux lèvres humides, s’envolant comme deux oiseaux dès qu’ils avaient trouvé la sortie. Cette petite phrase qui l’avait fait vivre : « Je t’aime. » Il sentit les larmes brûlantes, acides griffer sa peau. Il respira un grand coup et réussit à hurler un module de voyelle qui semblait se rapprocher du prénom de sa chère et tendre. Il tomba sur le lit, exténué par l’effort et sombra dans un sommeil cauchemardesque.
Quand il se réveilla, bien des heures plus tard, la pièce était vide. Le manteau du vieil homme avait disparu. Juan se retourna avec douceur et vit une enveloppe sur la table de chevet. Il la prit entre ses doigts, caressa l’écriture rapide qui avait tracé son nom sur l’enveloppe. Il déchira doucement le papier et lut : « Toutes mes condoléances. Ne tentes pas de me contacter. » Son cœur se serra, il se souvint soudain pourquoi il était là, assis dans ce lit, seul. Il revit la scène, le visage angélique auprès de lui, dans cette voiture. La route en boucle et sa voix joyeuse : « Juan, j’ai quelque chose à t’annoncer… » Tiens, il ne savait même pas ce que c’était cette chose ! Il avait seulement vu comment elle s’était tourné vers lui, enlevant une main du volant. Il savait seulement lui avoir crié de regarder la route et avoir vu avec horreur que la route n’était déjà plus. Il se rappelait rien d’autre. Il se releva un peu et se mit à chantonner une chanson…
« This is the way you left me. I'm not pretending. No hope, no love, no glory,No happy ending.
This is the way that we love, Like its forever.nThen live the rest of our life, but not together.
Wake up in the morning, stumble on my life. Can't get no love without sacrifice. If anything hould happen,I guess I wish you well. » (C'est comme ça que tu m'as quitté, je ne fait pas semblant Pas d'espoir, pas d'amour, pas de gloire, pas de fin heureuse C'est comme ça que nous nous aimions, comme celà pour toujours Alors vivons le reste de nos vies mais pas ensemble. Je me réveille le matin, trébuchant sur ma vie Il ne peut y avoir d'amour sans sacrifices. Si quelque chose doit arriver, je crois que j'espérerais que tu ailles bien.)
Un sanglot coupa la chanson, il regarda le bouquet de fleurs sur la table et aperçut entre toute une seule tulipe. « Muriel… » murmura t-il, pensant que c’était là sa couleur et sa fleur préférée. Des tulipes rouges, il n’y avait jamais pensé. « Muriel, pourquoi es-tu partie si tôt ? » Fit-il et plus qu’à elle, il s’en voulait à lui. Il s’en voulait de ne pas avoir fait tout ce qu’il avait entrepris avec elle, il s’en voulait de ne pas avoir su faire avant ce que maintenant il devrait faire seul. Pourquoi n’avait-il pas accepté de faire un enfant ? Pourquoi ? Il aurait eu alors une miniature de Muriel à tenir dans ses bras, une miniature de sa vie à faire grandir en soit. Maintenant, il était trop tard… Il savait au fond de lui qu’il ne la reverrait plus jamais. Il pouvait enfin laisser cette vie s’en aller sans regret… Et alors qu’il prenait le tube qui pendait à son bras entre ses deux mains blanches, la porte s’ouvrit sur Marie.