J’ai tracé mon sillon
Sur un bout de papier,
Sur un bout de chiffon
Que j’ai du défroisser.
Absorbée par le temps,
L’encre de mes remords
Ne crache plus de sang
Sur la feuille qui dort.
Les révoltes grondent
Dans mon âme blessée
De voix infécondes
A jamais camouflées.
Lorsque je partirai
Mon âme s’ouvrera
Laissant s’évaporer
Un lai de désarroi
Que je n’ai su clamer
Sur cette feuille nue
Que je n’ai pu jeter
Sur ce papier écru.
J’aurais voulu laisser
L’empreinte de ma vie
Dans vos yeux, à jamais,
Un bout de mon croquis.
Mais le temps a passé
Emportant avec lui
Des cendres de regrets
A jamais enfouies.
Anne
***
Les ailes de l'inspiration.
Je vous écris de ma chambre, un jour de grand beau temps, la vie me semble légère, le soleil a pointé son nez très tôt ce matin, la journée promet d’être belle et de ma fenêtre ouverte, toutes les senteurs de la prairie montent jusqu’à moi, ce jour sera propice, je le sens, à une inspiration joyeuse, à une plume légère et volatile, car déjà se profilent à l’horizon quelques mots qui dansent comme attirés par l’abat jour allumé, tels de légers papillons ivres d’air et de lumière et tout un tas de jolis noms volètent devant moi dans le désordre le plus complet. J’y vois les mots source, rivière, fraîcheur, sérénité, printemps, matin, miroir, respiration, sourire, fragrance, caresse … j’y lis les verbes voler, humer, sentir, aimer, vibrer, vivre… tous ces mots qui tourbillonnent et qui semblent me faire signe et me dire : attrape-nous, si tu le peux, et essaie de nous apprivoiser, de nous domestiquer, de nous ordonner autour d’une œuvre vivante, vibrante, sensible, pour nous donner la juste mesure de ce que tu es et veux devenir, de tes aspirations, de tes attentes, de tes doutes et de tes certitudes…
C’est curieux, il y a parfois des jours où je me réveille avec une phrase déjà faite, serait-ce la dernière prononcée dans le rêve qui précéda immédiatement mon réveil, ou le fruit d’une inspiration qui coïnciderait exactement avec ce moment précis, je ne sais, je n’ai jamais compris encore ce processus et pourquoi les mots me sont venus comme ça, sans que je les y invite, sans aucun effort intellectuel, et dans le bon ordre surtout. Il ne me reste plus qu’à inventer la suite, trouver le mot juste, le mot qui chante, le mot qui rit, le mot qui rime, qui sonne, qui évoque, qui émeut, qui retient…
Je vous écris de ma chambre, car c’est le lieu privilégié de mes lectures, de mes « enfantements », de mes douleurs et de mes plaisirs, c’est le moment du jour où encore imprégnée des images nocturnes, mon esprit embué vient juste de sortir de ses rêves, mais ne se trouve pas encore dans le monde des dures réalités, et laisse une large place à la création, à l’inspiration, aux vagabondages de l’âme…
Sachant que dans quelques temps, je serai immanquablement confrontée aux contingences et aux réalités matérielles de l’existence, je prolonge et retiens cet instant magique de la journée en occupant au mieux l’espace de mon lit, en savourant cette espèce d’état d’apesanteur qui m’enveloppe et me donne l’impression de flotter au dessus de mon corps, d’accueillir en moi toutes les beautés tangibles du monde, d’absorber tout ce que la vie contient de nécessaire, d’incontournable, d’essentiel pour ne pas dire d’existentiel, la sensation d'être ou d’être devenue enfin moi-même.
Cloclo
***
Qu' importe le temps
Ou le moment.
L'inspiration me vient
Au gré du vent.
Les vers se bousculent
Et s'accumulent,
Prenant ainsi la forme
D'un poème...
Etant de tempérament discret,
Mes poèmes sont la passerelle
Pour mon jardin secret,
Je n'aime pas les querelles.
Je jongle avec les mots,
Combattant mes démons intérieurs
Et la plupart de mes maux.
J'aspire à devenir meilleur...
Au pied d'un néflier, assis
Contre celui-ci
Retroussant mes manches,
Je pose mes vers sur la feuille blanche.
La poésie est un excutoire...
Pour moi, je ne fais pas ceci pour la gloire.
Rodito