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Jack rentra de bonne heure ce jour là et de bonne humeur de surcroît. Il invita sa femme au restaurant pour se faire pardonner ses absences longues et répétées. La soirée fut délicieuse, Clara ne pensa plus au grenier et à ses vieilleries et encore moins au message insolite qu’elle y avait trouvé. Elle avait finit par se dire que cette phrase et son T-shirt sous la pluie n’étaient que pures coïncidences…coïncidences étranges certes, mais coïncidences tout de même. De toute façon il n’y avait pas d’autres explications. Elle oublia cette histoire et se laissa aller au doux bonheur d’être avec son mari.

Le lendemain la vie reprit son court normal. Jack partit travailler, laissant Clara seule à la maison. A peine levée, celle ci grimpa jusqu‘au grenier. Elle voulait voir le résultat de son travail et l’état du parquet à la lumière du jour. Elle ne fut pas déçue du résultat, débarrassé de son tapis d’objets inutiles et poussiéreux, il était encore en très bon état. Pourtant, un détail lui sauta immédiatement aux yeux, un petit bout de papier blanc était posé à même le sol. « Ah non, pensa-t-elle, ça ne va pas recommencer! Tout en ramassant le nouveau message abandonné au milieu de la pièce, elle se demanda quel petit plaisantin pouvait lui faire une blague de si mauvais goût. Ce ne pouvait pas être Jack, il n’était pas là la veille et ce n’était pas du tout son genre. Cherchait-on à lui faire peur? Son mari et elle n’avaient emménagé dans la maison que depuis quelques mois… Était ce possible qu’un voisin leur veuille du mal? En tout cas, quelqu’un entrait chez elle pour déposer ces papiers et cette idée lui faisait froid dans le dos. Il fallait qu’elle parle à Jack le soir même à son retour.

Elle déplia le papier pour découvrir le nouveau message. Elle le lut à haute voix: « Et le félin se faufilera pour découvrir de tendres bras… ».

Encore un tour de passe- passe, se dit-elle. Si son expéditeur s’amusait, c’était loin d‘être son cas. Clara enfouit le papier dans sa poche sans y accorder d’importance…

Le planning de la jeune femme était tellement chargé, qu‘elle ne vit pas passer la journée. Entre les tâches ménagères, les courses et son cours de flûte, la soirée arriva sans qu’elle n’ai eu une minute de répit. De retour chez elle, portant sa valise de musique d’une main, les courses de l’autre, elle réalisa qu’il ne lui restait qu’une dizaine de minutes pour préparer le repas. Vu le peu de temps qui lui était accordé, elle opta pour une salade campagnarde façon maison. Elle finissait de la préparer quand Jack rentra.

Lorsque Clara se tourna vers son mari, elle se figea et fixa avec stupeur le petit chaton qu‘il tenait dans ses bras.

« Je n’ai pas pu résister, lança-t-il dans un sourire, il est tellement mignon…

Sa femme restait silencieuse, stupéfaite du spectacle qui se présentait à ses yeux.

«  Où l’as tu trouvé, demanda-t-elle brusquement à son mari. Près de la maison n’est-ce pas? Quelqu’un l’a placé là pour que tu le trouves…c’est la seule explication. Sa voix était tremblante presque fébrile.

Surpris de la réaction de sa femme, Jack prit quelques secondes avant de répondre: « Je l’ai trouvé dans l’usine où j’avais rendez vous cet après midi. Il ajouta d’un ton boudeur, je pensais franchement que tu lui ferais meilleur accueil.

_ Tu as raison excuse moi, je suis un peu nerveuse mais regarde…Elle lui tendit le message qu’elle avait gardé dans sa poche. Jack posa le chat et prit le petit bout de papier chiffonné. Il le lit puis regarda sa femme d’un air interrogateur, attendant une explication.

Alors Clara lui raconta tout, le message de la veille, son T-shirt sous la pluie, celui du matin qu‘il tenait dans ses mains. Jack écoutait l’air soucieux. L’idée que l’on puisse s’introduire chez lui aussi facilement lui déplaisait tout autant qu’à sa femme, surtout parce qu’il était souvent en déplacement et que par conséquent sa femme était souvent seule. C’était d’ailleurs d’autant plus gênant qu’il devait repartir le lendemain même…

« Nous changerons la serrure annonça-t-il à sa femme d’une voix qu’il voulait rassurante. Ainsi il n’y aura plus de soucis et s’il le faut nous porterons plainte pour violation de domicile. » Il oublia de préciser à sa femme son absence du lendemain, il lui dirait un peu plus tard, quand elle serait calmée…

La nuit fut longue pour Clara qui vit les heures défiler sans trouver le sommeil. Elle apporta pourtant une solution à ses soucis. Elle allait accepter l’invitation de sa voisine Mme Ourin, qui la pressait depuis quelques semaines pour qu’elle vienne prendre une tasse de thé. Elle arriverait peut être à la faire parler et à déceler des indices sur leurs voisins, la vielle dame connaissait tout le monde. Une fois sa décision prise, elle cessa de se retourner dans le lit et s’endormit pendant quelques heures.

Le lendemain, dès dix heures, elle se trouvait devant la porte de la vielle dame, bien déterminée à tirer au clair la mauvaise blague dont elle était victime. Mme Ourin fut très étonnée d’y découvrir sa jeune voisine mais en maîtresse de maison qui se respecte, elle fit bonne mine et accueillit Clara avec un grand sourire.

«  Je suis heureuse que vous acceptiez enfin mon invitation lui dit-elle. Vous voulez une tasse de café, je viens juste d’en préparer.

Elle indiqua une chaise dans la cuisine, où Clara s’installa.

«  Alors Clara reprit Mme Orin en lui tendant une tasse, vous plaisez vous dans votre nouvelle maison?

_ Oui nous nous installons tout doucement, nous prenons nos marques peu à peu…

_ Bien, vous verrez la vie dans notre quartier est paisible. On y trouve une grande solidarité, c’est important de nos jours, un voisinage sur lequel on peut compter.

_ Vous connaissez tout le monde n’est-ce pas?

_ Oui c’est vrai…Il faut dire que j’habite ici depuis toujours, plus précisément depuis l’âge de mes trois ans, quand mes parents ont emménagé. Mais ce ne sera peut être pas toujours le cas, le quartier est appelé à se rajeunir par la force des choses…

Son regard se fit nostalgique, son ton évoquait la tendresse qu‘elle portait à son quartier et ses habitants. Clara regardait attentivement sa voisine, jugeant qu’il s’agissait d’une gentille vielle dame en quête d’un peu de compagnie, elle pensa qu’elle pouvait lui faire confiance et décida de parler franchement: « Mme Orin, il faut que je vous parle d’un problème important concernant justement le quartier. Elle fit une pause en attendant la réaction de sa voisine.

Étonnée, la vielle dame indiqua d’un signe de la tête qu’elle pouvait continuer

« Je reçois de curieux messages depuis quelques jours. Rien de bien grave, ce n’est peut être qu’une farce d’adolescent, mais le problème est que je trouve ces messages dans mon grenier. Vous comprenez, madame Orin, quelque un s’introduit chez moi pour les déposer et je trouve cela très inquiétant.

La vielle femme paraissait sidérée par ce que venait de révéler Clara.

« Je comprends votre inquiétude. Qui soupçonnez vous d’un tel acte?

_ Justement je ne sais pas qui pourrait faire cela et je comptais sur vous pour m’éclairer un peu.

La vielle dame prit un air pensif puis soupira d’un air navré pour annoncer: « Je ne vois

personne capable d’une telle chose. Êtes vous sure qu’il ne s’agit pas de quelque un de votre entourage ou peut être votre mari qui veut vous faire une surprise?

_ Non vraiment, j’en suis sure madame Orin. Vous ne voyez vraiment pas qui pourrait me faire cette mauvaise blague?

_ Non vraiment. Est-ce indiscret de vous demander quel était le contenu de ces messages?

_ Non, tenez je les avais pris au cas où… »

La vielle dame sortit ses lunettes de sa poche et s’empara des petits bouts de papier que lui tendait sa jeune voisine.

Découvrant les messages à l’écriture fine et élégante, son visage blêmit, ses mains se mirent à trembler et ses yeux s’emplirent de larmes.

« Mon dieu parvint-elle à prononcer dans un balbutiement à peine compréhensible, ce n’est pas possible… »

Clara reprit espoir. Sa voisine venait sans doute d’identifier son expéditeur mystère. Pourtant elle ne comprenait pas pourquoi cela suscitait en elle une telle émotion.

Madame Orin se leva péniblement. Elle ouvrit un tiroir dont elle tira un paquet de lettres. Elle en prit une lettre au papier jauni. Il s’agissait sans aucun doute d’une très vielle lettre. Elle la donna à Clara en lui demandant de l’ouvrir. La jeune femme s’exécuta et découvrit avec surprise l’écriture élégante et fine…C’était la même elle en étai certaine ... Elle lança à madame Orin un regard interrogateur.

« Il s’agit d’une lettre de Fanny, mon amie d’enfance. Nous étions inséparables…

_ Mais madame Orin pourquoi votre amie m’enverrait-t-elle ces messages?

Le visage de la vielle femme s’assombrit, elle hésitait à répondre. Puis finalement elle se décida.

«  Fanny n’est plus là depuis longtemps. Elle habitait votre maison avant que la tragédie n’arrive.

_ La tragédie, mais quelle tragédie?

_ Fanny s’est fait renversée par une voiture, il y a maintenant 52 ans. Elle est décédée à l’hôpital des suites de ses blessures.

_ Qu’est-ce que cela signifie?

_Tout simplement que Fanny vous contacte d’entre les morts...

Clara resta muette, secouée par les révélations que sa voisine venait de lui faire. Elle ne pouvait y croire…elle ne voulait pas y croire! Un frisson d’épouvante lui parcourut le dos et malgré la chaleur qui régnait dans la maison, elle eu froid.

_ C’est impossible parvint-elle à dire finalement comme pour se rassurer. »

Sa voisine secoua la tête, elle semblait aussi bouleversée qu’elle.

Clara prit congé de madame Ourin après s’être assurée que celle-ci allait bien. Elle ne lui dit plus un mot à propos de Fanny et des messages. Ce n’était pas nécessaire, la vielle dame ne lui dirait rien de plus, et cela ne ferait que la perturber d’avantage.

Quand elle rentra, son mari était déjà reparti. Elle était seule et se sentait mal, envahie par un profond malaise. Devait-elle croire cette histoire de fantôme?

Elle monta les escaliers en essayant d’oublier la peur qui lui tenaillait le ventre. Quand elle entra dans le grenier, un nouveau message l’attendait. Elle s’en empara prudemment et lu:

« Dans la nuit noire, le cambrioleur paniqua et sa vie lui vola. »

Elle s’assit à même le sol. Ce nouveau message n’avait rien de commun aux deux précédents. Il n’était pas à prendre à la légère. Clara n’eut pas beaucoup à réfléchir sur la décision à prendre. Elle fit sa valise et partit chez sa mère.

Quand elle rentra le lendemain, elle retrouva sa maison sans dessus dessous. Les voleurs n’y avant pas été de main morte. Elle en avait pour une semaine de rangement. Elle appela la police pour leur signaler le cambriolage puis à Jack pour le prévenir de l’incident et lui dire que tout allait bien. En aurait-il été ainsi sans l’avertissement de Fanny? Clara en doutait. Elle admettait être dépassée par ce s’était produit.

Fanny ne manifesta plus sa présence. L’envoi des messages cessa dès ce jour.

Quelques semaines plus tard, madame Orin emmena sa voisine sur la tombe de Fanny pour lui rendre un dernier hommage et pour qu’elle puisse lui dire merci. Après ces évènements la vielle dame et Clara devinrent de très grandes amies et renforçant ainsi les liens de bon voisinage du quartier.

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