Le Mal est né
En son sein
Il a pris racine
Dans le Moi profond de l’être
D’abord simple bourgeon
Il s’est épanoui
S’immisçant dans chaque tissu
Empoisonnant
Dévorant le corps
ORGUEIL
Couleur discrète mais charmeuse
Perfide, dangereuse
Violet
Elle s’insinue
Insidieusement
Dans les sillons de son cœur
Au tréfonds de son âme
La plante vénéneuse étouffe l’humilité
Hypertrophiant la confiance
Si puissante qu’elle a gonflée
Telle une montgolfière
Un sentiment tellement immense
Qu’il a besoin de s’exercer sur Autrui
Domination bestiale
Emprise primaire des sens
Assouvir les pulsions
Pour égorger la frustration
Lever une fille
Payer si besoin
Une pute sans pudeur
Soumise à chacun des désirs
Assise, debout, couchée, à genoux
Une chienne
La mettre en laisse
La fouetter
LUXURE
Dans une indéfinissable couleur
Sombre
Indigo
Electrifiant
Ne plus pouvoir s’arrêter
Forniquer
D’orgasmes en orgasmes
De coups de reins en cris
Satisfaction qui ne viendra que de l’épuisement
Quand les muscles seront claqués
Les chairs repues
S’écrouler
Exténué
Sur un lit de nuages
Apaisant
Bleu
Ne plus penser à rien
Se laisser habiter par le Néant
Reposer ses membres
S’étaler de tout son long
Dans un état inerte
Sensations de caillou
PARESSE
Couler dans le sommeil
S’y glisser
N’avoir rien à faire
N’en avoir aucune envie
Effacer les responsabilités
Faire comme si elles n’avaient jamais existé
Pas le temps
Ce lit comme un cercueil
Mourir en étant vivant
Refuser la vie qui s’offre
Trop compliquée
Prendre le chemin de la facilité
Avancer tout droit
Sans s’en détourner
Mais il y a les autres
Avec leur vie meilleure
Ils ont trop de chance
Ils ne le méritent pas
Pourquoi eux ?
Des profiteurs
Des parasites
Désirer tout ce qu’ils ont
Quoi qu’il en coûte
Des crédits
Des dettes
Tant pis
Le paradis n’a pas de prix
Vert
Plier
Envie
CONVOITISE
Jamais assez
Jamais content
Trépigner
Vouloir avoir toujours plus
Entasser
Amasser
Des tas d’objets">
Encore et toujours
Remplir les coffres-forts
Tintement des sous qui résonnent dans la tête
Scintillement des pièces qui aveugle
AVARICE
On compte les petits cochons pour s’endormir
Tirelire serrée contre la poitrine
Rêves éblouissants
D’argent
Dorés
Jaune
Les rayons de ces soleils de cuivre
Rassurent sur le précieux trésor
Ne plus rien lâcher
Constipation
Se gaver
Ingurgiter tout ce qui passe à la portée
Tout ce qui s’englouti
Qui peut passer par l’orifice de la gorge
Se remplir le gosier
Obstruer le vide de l’existence
Broyer
Puis avaler
GOURMANDISE
De la couleur acidulée
Des sucreries
Orange
Fringale
Se Goinfrer
Se Bourrer jusqu’à la lie
Sans prendre le temps de la digestion
Enfourner la bouffe
Grossir
Enfler
La peau se tend
S’étire
A se craqueler
Vergetures
Le sang qui jaillit dans les veines
Vaisseaux qui s’épaississent
Anévrisme
Exploser
En vouloir à la terre entière
COLERE
Déclarer la guerre
La haine dans les yeux
Lance-flammes
Finir dans un bain de sang
Rouge
Se débarrasser de tout le monde
Tous des pourris
N’aimer personne
Même pas soi-même
Haïr sa vie
La détruire
Implorer la mort
Qui ne veut pas non plus venir
Tout seul.