Un parfum sépia de liberté, de gaieté
Sur ses cimes et jardins comme un frisson, flottant,
Des rues abruptes aux places à demi ombragées
Des éclats mouchetés de coloris, dansant.
Sur la place du Tertre ils ont tous ennobli
De leurs pigments bleutés des ciels tumultueux
Du Café Guerbois à l’Avenue de Clichy
Crayonnant d’allégresse les chemins boueux.
Trépieds au dos, toiles et tubes de pinceaux
Ils sont tout passés par la butte d’autrefois,
De l’huile au fusain, de Renoir à Géricault
Eclaboussant leur chevalet de grains narquois.
J’entends encore le bruissement de leurs doigts
Laissant échapper quelque relief pictural,
Rond-point des arts à main levée, traits maladroits,
Forêt bleue d’esquisses envolées sur leur toile.
De la rue des Saules à celle de l’Abreuvoir,
La fraicheur du petit village provincial
A vu Picasso et Utrillo s’émouvoir
Dans une litanie de désordre automnal.
Etincelle fauve qui embrase la vie,
Inondant la butte de touches bariolées
La magie des pinceaux aux longues draperies
A fait de Montmartre le plus bel atelier.
Atelier des artistes, berceau du « Bateau »,
Où peintres et hommes de lettres s’abritaient,
Il fut un temps où Montmartre était le radeau
D’une Méduse à notre mémoire, accrochée.