Que battent vagues d’âme
Jusqu’à la déchirure
J’ai bu l’âpre saumure
Et j’ai le vague à l’âme
Ce soir mon âme est grise
Buveuse d’amertume
D’une ivresse d’écume
Et de brume indécise
Des lichens de tristesse
Flottent noirs goémons
Reflux de mes démons
Ressac de ma détresse
Récitatif plaintif
Sur mes grèves sans trêve
Des épaves de rêves
S’échouent sur mes récifs
J’ai bu jusqu’à la lie
Gorgée de faux serments
Le désenchantement
Et la mélancolie
Et les profonds naufrages
Me laissent dépouillée
Cœur nu âme souillée
Brûlée de sel et d’âge
M’épuisant à saisir
Comme une âme trop saoule
Soulevée par la houle
De mes pauvres désirs
Une planche un espoir
Un cœur une promesse
Qui vaine ne me laisse
Mains vides dérisoire
Et vains sanglots d’ivrogne
Va j’ai trop bu la tasse
J’erre de guerre lasse
De carcasse en charogne
Aux débris de ma vie
Va j’ai vidé ma coupe
Je tangue et je chaloupe
Je hoquète et je crie
J’ai l’amertume triste
Des lendemains d’orgie
Gémissante je gis
Au sonnet de l’artiste
Je suis la chanson grise
Qui geint et qui s’épuise
La chanson malapprise
Au jour qui s’amenuise
Je gémis j’agonise
Et mes vagues se brisent
Vagues d’âme trop grise
Quand la douleur s’aiguise
Je suis la chanson grise