L’enfance n’a pas d’âge
On la transporte
A toutes les étapes
De sa vie
Parfois comme un oiseau
Gracile, fendant l’air
De ses ailes ténues
Parfois comme un fardeau
Utile, comme un secret
Trop lourd à porter
Sur des épaules nues.
Puis on forcit
Puis on se muscle
On s’aguerrit
La charge paraît plus légère
A mesure qu’on avance
Dans la vie.
L’enfance n’a pas d’âge
Et quand on est petit
On n’a pas eu le temps
Encore
De s’inventer des souvenirs
Mais passé l’âge de grandir
Chacun dépose au coffre-fort
Les beaux dimanches de sa vie.
J’ai retrouvé un jour
Tous mes livres d’images
Et mes bonheurs sans âge
Dans le creux d’un berceau.
Vécu ma re-naissance
Grâce à l’enfant nouveau
Et à chaque naissance
Une nouvelle enfance
S’ajouta à ma vie.
C’est plus tard,
Bien plus tard
Que la petite fille
Celle des origines
Revint me faire un signe
Pour ne plus me lâcher.
Depuis nous gambadons
Insouciantes et frivoles
Sur les routes fleuries.
Nous jouons à l’école
Nous faisons des bouquets
Nous chantons à tue-tête
Nous gonflons des ballons
Nous gavons les pigeons.
On rit comme des folles
On joue la méthode rose
On s’asperge, on s’arrose
On saute à la corde
On se maquille
On s’amuse aux billes
On fait crever les bulles.
Si l’enfance a un âge
C’est sans doute le mien
Mais c'est aussi le sien
Comme les deux visages
D’un unique destin
Si proche si lointain...