Je décidai de passer de l’autre côté du miroir car j’étais persuadée de l’y retrouver.
Il est assis dans son fauteuil Voltaire de velours clouté vert olive qui avait appartenu à sa grand-mère et entièrement restauré par le tapissier.
Bien que très difficile de détourner son attention de son émission préférée, je lui parle et il me sourit.
Pourquoi m’as-tu abandonnée depuis si longtemps ? Je me sens très seule sans toi. Ils sont tous en couple autour de moi. Son regard me fait comprendre que déjà j’adresse des reproches. Je me tais il me sourit.
Alors je change de sujet. Je lui parle de notre fille. Elle a réussi professionnellement et occupe un poste important à Liège. Quand tu es parti, elle a terminé son graduat, poursuivi ses études à l’ULg puis à Bruxelles. Il est heureux, il me sourit.
Tu sais au printemps prochain, ils vont se marier. Je suis contente pour eux. Mais j’y pense, elle a demandé à ton frère de la conduire à l’autel. Il sera triste de te rendre ta place. Il me sourit et de la tête fait un signe négatif.
Je m’approche du fauteuil. Tu sais maintenant je ne travaille plus. Nous pourrons nous promener plus souvent, rendre visite aux amis. Tiens, je suis allée à Lisbonne pour revoir Denise et Erik. Irons-nous en Italie pour saluer Maria et Dominique ? Nous pourrions inviter Nicole et Lucien ? Il me sourit et fait un signe affirmatif.
Alors pour le remercier je veux le prendre dans mes bras et lui donner un baiser. Et là !
Quelle frayeur ! En souriant il disparaît aussitôt.
Je savais au fond de moi que je ne le reverrais plus jamais.