Je décidai de passer de l’autre côté du miroir, la face cachée du monde, la plus belle, la plus étincelante, celle de l’espoir et de la Vie, celle qu’il faut chercher au-delà des épreuves, au-delà du temps et des tourments, au-delà des apparences, au-delà de soi.
Certes, c’était comme escalader une montagne et décider de prendre la voie la plus difficile, mais qu’importe. En haut, tout là-haut, il y avait le réconfort, l’apaisement, la satisfaction.
Voilà des mois maintenant que je me battais contre moi-même et cette saleté de maladie, des mois de déprime, de peur insurmontable, d’angoisse et d’égarements. Je voulais en sortir, mais trop épuisée, je renonçais souvent. Je baissais les bras.
Pourtant, j’avais une petite flamme, indiscernable au toucher, invisible au regard, mais elle était bien là, au fond de moi, je le savais, je la sentais, mais il fallait juste que je la trouve, que je la localise, que je la palpe, et elle m’aiderait à passer de l’autre côté du miroir et à trouver encore plus de forces pour me battre.
Aujourd’hui, j’ai décidé de la chercher. J’ai fermé les yeux longtemps, j’ai fait le vide, jusqu’à ce que j’aie cette impression de voler dans l’espace et le temps. Un flottement serein. Une sensation de légèreté. Comme une feuille tombant délicatement de l’arbre.
Un renouveau, une nouvelle vie. Et la flamme m’est apparue, puissante, virevoltant doucement dans les airs, dégageant d’elle une force indescriptible, indémontable, à gravir toutes les montagnes qui se présenteraient devant moi, à franchir tous les murs et les obstacles se dressant devant moi, à dominer les maux les plus coriaces, les malaises et les appréhensions, à m’aider à les gérer, à dépasser les frontières de la douleur et des angoisses.
Je crois que j’ai franchi l’autre côté du miroir, celui qu’on ne peut voir mais que l’on perçoit en soi, et qui nous aide à avancer, sereinement, courageusement. C’est cette petite flamme, si fragile à la vue mais si forte en elle qui m’a portée vers la Vie. Tout le mal que j’avais pu ressentir, les affronts, les regards de pitié, ce boulet que je trainais derrière moi, maintenant parce que j’avais décidé d’y croire, je savais au fond de moi que je ne le reverrais plus jamais.