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POMI était condamné, c’en était fait de lui ! Il lui fallait pourtant passer l’épreuve du tourniquet : un supplice barbare qui consistait à honorer en 24 heures toutes les femelles de la communauté ! 150 pour être précise ! Des jeunes, des vieilles, des confites dans le vinaigre, des belles, des laides des vierges, des coquines, et même les hermaphrodites qui pullulaient dans la région ! (Dans ce pays du bout de Nulle part, on se reproduisait en famille et le résultat était parfois surprenant !)
Hier, il avait eu droit à une autre épreuve ! On l’avait pesé et on lui avait longuement tripoté le bas-ventre !. Sa tortionnaire aux allures doucereuses s’était acharnée sur lui à coup de papouilles, de léchouilles et de chatouilles, tout ça pour le mettre en train !
Bref, aujourd’hui, il devait assurer ! Une panne, une faiblesse, une impuissance passagère et le couperet tomberait !
POMI quel drôle de surnom… tout ça parce qu’il aimait passionnément un fruit défendu et qu’il s’en nourrissait exclusivement ! Certes, il ne cultivait pas toutes les pommes qu’il ingurgitait, mais il en faisait son quotidien.
Au petit déjeuner : Boskop et Canada. Pour le déjeuner la Reine des Reinettes était parfaite ! Grany smith, Golden, Red delicious lui semblaient idéales pour le dîner, Quant à la nuit c’était pomme d’amour aux reflets bleus et pommes d’Api aux couleurs pourpres ! Ainsi allait la vie de POMI, séducteur aux yeux noir d’encre, colique permanente au ventre, grand prédateur de vergers, ennemi déclaré des pomiculteurs alentours !
Un doux zéphyr soulevait quelques friselis sur sa toison soyeuse, Pomi était superbe en ce matin de mai ! il portait un disque d’or orné de rubans bleus autour de son cou puissant, symbole prématuré d’une hypothétique victoire !
Un Dieu miséricordieux, s’il en existait encore, allait peut-être jeter l’anathème sur le supplice, POMI serait gracié et il s’en retournerait à ses vergers purgatifs !
Il n’en fût rien, les Dieux du jour et la planète entière se moquaient de son sort, POMI dû s’exécuter. On l’enferma dans une espèce de cage aux tubulures chromées. Une femelle obèse, sorte d’ogresse en pleine reconversion de charcutière, se mit à gribouiller sur son calepin : POMI et LULU essai n° 1 !
La première candidate montra donc le bout de la croupe !
L’improbable ne se réalisa pas ! POMI resta de marbre, la jeune dame en fût outragée ! La charcutière congestionnée tenta un essai n°2, mais la vierge inavouée au doux nom de CHARADE, qu’on mit dans les pattes de POMI, se réfugia dans un coin en gémissant de panique !
POMI bénit alors les surfaces qui présentaient quatre coins, l’esquive était plus facile !
La charcutière-Sumo cassa son stylo de rage lorsque MANON (essai n° 3) tenta un rapprochement ! POMI venait en effet de s’oublier et couinait lamentablement dans son coin !
Rien à faire ! POMI n’avait pas la tête à ça et le reste encore moins !!!
La charcutière renonça enfin : POMI n’avait rien de l’étalon pur porc qu’on lui avait vendu à prix d’or ! POMI n’aimait manifestement ni les porcelettes ni les vieilles truies !
Elle allait donc venger toutes les cochonnes de la terre ! Elle allait de ce pas faire du jambonneau et de la saucisse avec cet andouille de croqueur de pommes impuissant !
La fin de l’histoire tourna au vinaigre et le supplice de POMI se termina donc en eau de boudin !