La première fois que je suis allée chez ma psy, j’ai remarqué de nombreux tableaux accrochés aux murs, dans l’entrée, le couloir, la salle d’attente. Mais c’est un tableau en particulier qui a attiré mon regard, l’a aimanté à ne plus pouvoir s’en détacher.
Moi qui ne suis pas une experte en peinture, tout m’a plu dans cette reproduction. Le ton d’abord, triste, monotone mais apaisant aussi. Les nénuphars nombreux, épars auxquels je ne pouvais pas rester indifférente, plantes aquatiques que j’apprécie tant ! Au dernier plan, du feuillage, bras de saules pleureurs ruisselant vers le sol, feuilles rondes d’arbres caducs. Nature peinte par petites touches, effleurement du pinceau contre la toile, effet de brouillard ! Une atmosphère générale qui vous prend au cœur, vous plonge dans les marécages de votre esprit.
Puis mes yeux se sont arrêtés sur ce pont, étrange, bleuté, grisâtre, verdâtre. Des couleurs de coucher de soleil. Quand le paysage s’endort et aspire au calme ! Ce pont parfait, à la forme harmonieuse, rassurante évoquait pour moi bien plus qu’un gué de fortune bâti entre deux bords de rivière. C’est évidemment d’un passage dont il s’agit, une traverse vers un ailleurs, une connexion entre deux mondes ! Un chemin qui m’appelle à lui et sur lequel je n’aurai pas peur de mettre le pied, poursuivant ma route par petite pas, avec précaution mais résolution, puisque c’est là-bas qu’il faut que j’aille.
Ce pont était tout simplement le travail que je venais, ici, accomplir sur moi-même. Passer du côté de « l’inconscient » !