Je ne suis qu’un objet,
Que l’on nomme cendrier
Ou cendar en argot.
Je récolte les mégots.
Si vous saviez le calvaire
Qui est le mien sur cette terre !
Allergique à la fumée,
Jour après jour, j’ai la nausée.
J’aurais préféré être un verre.
M’enivrer de whisky, de bière,
Sombrer dans des rêves éthyliques,
Oublier ma vie dramatique.
Mais je suis un cendrier
Et n’ai pas droit à la lampée.
Je ne reçois que des cendres
Nauséabondes, en guise d’offrande.
Un soir de désespoir,
Je tomberai du comptoir
Sous les yeux médusés
D’un fumeur invétéré.