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La plupart du temps, je vis paisible à l’abri et au frais dans un placard, avec mes compagnons. Depuis quelques jours d'ailleurs, plus personne ne nous dérange. Les habitants de la maison sont partis, nous laissant seuls gardiens de ce temple de la propreté. C’est l’occasion de bavarder et de partager nos expériences.

 

Pour moi, je ne me plains pas. Une fois par semaine, je suis aux mains d’une professionnelle experte. Elle me plonge dans une eau parfumée, légèrement mousseuse et chauffée à une température idéale. Pressurée de ses doigts fins et habiles, elle me lie ensuite à mon ami le balai brosse. Ensemble nous glissons sur le carrelage. Aucun recoin n’est oublié, aucune saleté omise. Je passe et repasse en une valse à trois temps : une glissade, un plongeon un léger essorage et on recommence. Fatigant certes mais je connais l’exaltation du travail bien fait.

 

Avec la femme de la maison, j’avoue que c’est moins agréable. Un bain froid, mon shampooing limité à quelques gouttes, un va et vient rapide sur le sol. Et désespoir : notre tâche achevée, elle oublie de renouveler l’eau pour me rincer plusieurs fois. Je me retrouve en boule au fond du seau, avec des fibres encore poussiéreuses ou grasses ! D’après l’aspirateur, nous avons une patronne écolo qui économise l’eau et les détergents. En tous cas, je ne risque pas d’être du jour au lendemain remplacée par des lingettes jetables !

 

Je connais aussi des moments particulièrement joyeux. Parfois un des enfants vient me chercher subrepticement et le manège commence : une bassine rouge, une main potelée qui me caresse, le robinet grand ouvert et on s’affale ensemble sur le carrelage ruisselant d’eau. Gloussements, glissades, éclaboussures, on s’amuse bien ! En fait cela ne dure jamais bien longtemps. La femme en général arrive et arrête nos ébats. Sans prêter attention au cri de l’enfant et à ma résistance, elle nous sépare rapidement et me remet dans mon coin ! Je ne comprends pas pourquoi.

 

Quant à l’homme de la maison, il me voue une fière indifférence : je ne connais même pas encore le contact de ses mains viriles ! Tant pis pour lui !  Les humains ont quand même des comportements curieux, vous ne trouvez pas ?

Tag(s) : #Textes des auteurs
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